Asubha bhāvanā

  • Asubha bhāvanā, c’est l’observation du corps sous son aspect impur et repoussant dans le but de réduire l’attachement, ce qui va à l’encontre de nos habitudes. On énumère 32 parties réparties en cinq sous-groupes. Ainsi, le premier sous-groupe comprend les cheveux (kesa), les poils (loma), les ongles (nakha), les dents (danta) et la peau (taco). Si on les prend séparément ou qu’on les déplace, on ne s’y identifie plus, mais prises ensemble et placées au bon endroit, elles constituent une personne charmante et un corps agréable. Nous aimons nos cheveux ou nos ongles car nous les considérons comme nos propriétés, sauf s’ils atterrissent dans notre soupe ou après que nous les avons coupés. Histoire de la bhikkhunī devenue arhat qui offra à son admirateur ses yeux dont il louait la beauté en se les arrachant.
  • Il y a trois niveaux pour observer le caractère impur des parties du corps : ① au niveau de l’apparence physique ② au niveau des odeurs ③ en considérant l’endroit où elles sont situées. Les cheveux par exemple reposent dans la graisse et le sang, les dents baignent dans la salive, …
  • Le corps n’a rien d’agréable : il faut s’en occuper toute la journée, le laver, le nourrir, etc.
  • Le Bouddha a enseigné cette méditation pour que les gens préfèrent la beauté de l’esprit (qui peut se développer à l’extrême) à celle du corps (condamné à vieillir et à s’enlaidir). Cette méditation a de nombreux bénéfices. Elle libère de rāga, le désir sensuel. Il est possible que l’on rencontre une personne du sexe opposé au cours de la méditation, éventuellement en imagination. Cette pratique nous évitera d’être perturbé et bloqué. Exemple du moine moqué par une femme mais qui resta concentré et ne perçut que les dents de celles-ci, comme un scanner d’aéroport qui scanne indifféremment tous les objets qui se présentent. Exemple du moine qui croyait avoir atteint un haut niveau dans sa méditation mis à l’épreuve par son maître qui lui demanda de faire apparaître avec ses pouvoirs psychiques un lac, des lotus, et des danseuses de 16 ans, et de porter son attention aux danseuses. Exemple du squelette au lac Inle en Birmanie sous lequel était inscrit qu’il s’agissait d’une jeune fille de 16 ans, et qu’un homme reconstitua en imagination éveillant en lui le désir sensuel.

Question d’un yogi : cette pratique ne risque-t-elle pas de nous déprimer ? Réponse de Sayadaw : la vie n’est pas si réjouissante. Il faut voir objectivement si elle contient plus de bonheur ou de souffrance. Vivons-nous uniquement pour profiter au maximum de la vie. Il faut utiliser la vie pour accomplir des actions méritoires, extraire le meilleur des potentialités du corps.

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