Maraṇasati

  • La contemplation de la mort (maraṇasati) ne vise pas à effrayer mais à instiguer saṃvega, le sens de l’urgence. Il existe plusieurs types de personnes ne craignant pas la mort : ① celles qui ont développé une grande sagesse ② celles qui ne savent pas vraiment ce que c’est ③ celles qui embrassent une doctrine, comme la doctrine communiste. Par ailleurs, Sayadaw a entendu que dans la culture chinoise, le mot même de « mort » était considéré comme une source de malédiction.
  • Selon le Bouddha, les bénéfices de cette pratique sont nombreux : ① Si on est conscient que la mort peut survenir à chaque instant, on cesse de la craindre. Celle-ci peut survenir dans l’instant où nous déplions ou replions le bras, après une inspiration ou une expiration. Elle est toujours présente en nous. ② Nous nous hâtons d’accomplir des actions positives : sīla, bhāvanā. ③ Nous pratiquerons satipaṭṭhāna avec plus de patience, endureront les douleurs. ④En contemplant la mort, nous développerons la sagesse et atteindrons l’état de non-mort (amata). Amata est synonyme de nibbāna, un état libre de toute souffrance.
  • Comment contempler la mort? Répéter la phrase « je vais bientôt mourir, la vie est incertaine, la mort est certaine ». On peut consacrer une minute à chaque méditation protectrice avant de pratiquer vipassanā. On peut aussi pratiquer ceci pendant la vie quotidienne.

Questions-réponses : ① Se souvenir de l’inévitable perte des êtres chers est aussi une bonne pratique. Les personnes peu sages sont envahies de chagrin au moment de mourir. Les personnes sages n’ont pas de regret, ayant accompli à temps ce qu’il fallait accomplir. Il faut extraire le meilleur de cette vie. Une vie routinière nous rapproche des animaux, mais notre meilleure naissance grâce à notre kamma et notre potentiel de développer la sagesse pour ensuite accomplir des actions positives pour soi et les autres nous différencie d’eux. Si nous manquons de le faire, cette vie, n’a aucune valeur. Ainsi, nous pouvons extraire de l’or de ce corps (qui, au fond, n’est qu’une poubelle) ② Même si le bouddhisme tibétain enseigne les existences intermédiaires (Bardo), et même si en Birmanie la tradition populaire veut qu’une période de 7 jours existe entre la mort et la future renaissance (cf Purgatoire des chrétiens), il n’y a rien de tel selon l’Abhidhamma. C’est comme si l’on voulait scinder artificiellement un courant d’eau en affirmant qu’ici cesse la première vie et là commence la nouvelle. Dans la méditation aussi, on peut observer que la disparition d’une première conscience est immédiatement suivie de l’apparition d’une nouvelle.

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