Vammika sutta: les cinq empêchements

Les cinq empêchements bloquent la progression. S’ils se manifestent pendant l’observation de l’objet primaire, il faut les noter immédiatement.

❶ Kāmacchanda nīvaraṇa. Le désir sensuel est la mère de tous les empêchements. Il s’introduit par les six portes des sens.

❷ Byāpāda nīvaraṇa. La colère, l’irritation, l’agression ou les formes atténuées de l’aversion comme la peur ou l’anxiété. C’est parfois le désir sensuel qui se manifeste sous la forme de la colère ou de la frustration.

❸ Thīna-middha nīvaraṇa. La paresse ou la somnolence et la torpeur se manifestent très souvent pendant la pratique. Tous les yogis y sont confrontés. Il s’agit d’un relâchement de l’attention, d’une forme de paresse ou de lassitude. Le vénérable Moggallāna, pris par la somnolence, reçut du Buddha des instructions spéciales : ① identifier l’objet qui a induit le sommeil et cesser de porter son attention à cet objet. ② réfléchir à un enseignement entendu dans le passé. ③ Si ça ne fonctionne toujours pas, se frotter les yeux, les ouvrir et regarder la lumière. ④ se tirer les oreilles. ⑤ se rincer le visage et les yeux. ⑥ étirer ses membres, ⑦ pratiquer la marche.

❹ Uddhacca-kukkucca nīvaraṇa.  L’agitation et le remord sont deux états d’esprit différents mais sont regroupés en un seul empêchement. L’agitation peut aller de la pensée fugace à une totale agitation.  Le yogi ne parvient plus à se débarrasser de certaines pensées. Le remord peut aussi se manifester de différentes façons. Il peut s’agir du remord pour des actes négatifs commis ou pour des actes positifs non accomplis.

❺ vicikicchā nīvaraṇa. L’indécision, l’hésitation. La dixième énigme de la bifurcation concernait le doute par rapport à la voie. L’empêchement est plus large et peut aussi concerner le doute par rapport au Buddha, au Dhamma et au Sangha. Le premier type de doute peut être levé par la lecture ou en posant des questions au maître.

Une fois débarrassé des empêchements, nous pourrons voir distinctement qu’il n’y a que l’objet lui-même (rūpa) et l’esprit qui en prend conscience (nāma). Nous verrons la matière sous la forme des quatre éléments seulement, sans voir d’égo ou d’individu. La constante apparition et disparition de ce couple esprit-matière va devenir de plus en plus claire et sera perçue comme une souffrance. C’est la noble vérité de la souffrance (dukkha sacca). Nous n’éprouverons plus d’attachement pour ces phénomènes et abandonnerons ainsi la seconde noble vérité de l’origine de la souffrance (samudaya sacca). Ce faisant, nous établissons les huit facteurs de l’octuple sentier, cinq de façon active et trois (ceux de la section de la moralité) indirectement. Chaque fois que nous notons, ces huit facteurs sont présents.

Il nous suffit donc d’éliminer le premier empêchement pour avoir en nous les huit facteurs du chemin. La vision pénétrante va alors pouvoir se manifester, révélant la souffrance, l’impermanence et l’impersonnalité de tous les phénomènes observés.

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