Ānāpānasati sutta : observation du mental et des dhammas

Aujourd’hui, nous allons voir la troisième et la quatrième tétrade de l’ānāpānasati sutta: cittānupassanā et dhammānupassanā. Les yogis pratiquent depuis plusieurs jours conformément à la première tétrade: ils observent l’inspir et l’expir, notent qu’ils sont courts ou longs, les observent du début à la fin et calment le corps. Lorsque la concentration s’approfondit, le méditant expérimente le ravissement (pīti), mais cela peut prendre jusqu’à un mois et il ne faut pas s’étonner si l’on est toujours dans des difficultés.

La troisième tétrade décrit un stade plus avancé de la pratique, lorsque le yogi observe clairement l’esprit. Il atteint l’absorption (appanā samādhi)

La quatrième tétrade correspond au stade de saṅkhārupekkhā, l’équanimité, juste avant d’atteindre le stade de l’éveil. Le sutta couvre donc l’entièreté du chemin. À ce stade, le yogi voit que tout ce qu’il contemple est impermanent (anicca). Auparavant, le yogi pouvait expérimenter un esprit débarrassé des pollutions mentales de façon temporaire, jusqu’à ce que la concentration faiblisse. Arrivé à ce stade toutefois, il se peut que tout semble s’arrêter au yogi, qu’il n’expérimente plus aucun phénomène physique ou mental. Il peut rester 10 minutes voire une heure dans cet état avant que, graduellement, il ne retrouve un état normal, actif. Il est alerte, l’esprit purifié, reposé. Il a alors peut-être réalisé le chemin et le fruit (magga et phala) ou une autre réalisation (samāpatti). Le yogi expérimente suññata, la vacuité. Attention toutefois à ne pas rechercher cet état, notre tâche consiste à poursuivre l’exercice et, si on le poursuit, on atteindra le stade de sotāpanna.

Pour y parvenir, le méditant devra disposer des cinq forces (bala) : ❶ saddhā, la confiance, surtout en soi-même, en la possibilité d’y parvenir ❷ viriya, l’effort. Il faut le développer, l’entraîner, sans abandonner ❸ sati, l’attention. Il faut toujours se maintenir dans l’instant présent, être vigilant. C’est le contraire de la paresse ❹ samādhi, la concentration. Il faut se maintenir constamment sur l’objet, le nez ou l’abdomen. Sam signifie « bien » et ā+dhā, « tenir » ❺ paññā, la compréhension. Au plus on expérimente anicca, au moins on a d’attachement.

L’ānāpānasati sutta comprend donc 4 tétrades et 16 stades. La première tétrade (kāyānupassanā) concerne clairement un élément physique. L’observation de l’air amène le calme. On pourrait toutefois se demander pourquoi le Buddha enjoint d’observer les ressentis, qui ressortissent du mental, puis l’esprit, dans un exercice d’observation du souffle. Au début de la pratique, l’esprit est sous l’emprise de l’avidité (abhijjhā), il est comme un fantôme en manque de sensations, ou alors sous l’emprise de la dépression (domanassa). Si on pratique avec ardeur, claire compréhension et attention, on les élimine de l’esprit. On expérimente alors pīti et sukha, deux ressentis mentaux. C’est pour cette raison qu’ānāpānasati est aussi une contemplation des ressentis (vedanānupassanā). Le méditant perçoit ensuite le calme de son esprit. Il voit qu’il change constamment et se débarrasse des pollutions mentales. C’est cittānupassanā. Celui qui voit clairement avec sagesse abandonne l’avidité et le mécontentement, s’établit dans l’équanimité. Il s’agit de dhammānupassanā.

Page précédente