Ariyāvāsa sutta – attention et empêchements (désir et ressentiment)

Les buddhā Vipassī et Sikhī, l’actuel Buddha, les buddhā du futur ainsi que les autres arhats s’appuient tous sur les nobles demeures (ariyāvāsa dhamma) pour réaliser le chemin. Ces demeures nous protègent de tous les maux du saṃsāra.

La principale ariyāvāsa, c’est l’attention. Il faut s’observer constamment, noter chaque objet, ainsi, le système défensif sera complet. Au début, on ne parvient pas à tous les noter, il faut apprendre étape par étape, comme un écolier : voir, entendre, sentir, soulever, baisser, marcher, se coucher, se lever, penser, etc. Lorsque l’attention sera complète, on ne laissera plus de faille par où les pollutions mentales pourront s’insinuer. Bien qu’il y ait 10 ariyāvāsa, l’ariyāvāsa de l’attention, parfaitement développée, serait en réalité suffisante pour assurer la présence des neuf autres. La dernière parole du Buddha avant sa mort : handa dāni, bhikkhave, vayadhammā saṅkhārā, appamādena sampādethā (toute chose composée est vouée à la désintégration, efforcez-vous d’atteindre votre but avec l’attention) est cruciale, bien que la plupart des gens ne la prenne pas au sérieux. L’homme ordinaire pense pouvoir vivre longtemps sur la base de sa force vitale et de son corps, mais il n’existe pas de fondement permanent pour l’existence conditionnée et nous devons nous fier au nibbāna. Afin d’y parvenir, il faut pratiquer l’attention juste. Le mot appamāda (vigilance) résume l’ensemble de l’enseignement du Buddha et le commentaire y voit son apogée.

Pour pouvoir développer l’attention, il faut disposer des quatre nécessités de l’existence : nourriture, logement, vêtements et médicaments. Il faut aussi développer la patience face aux ressentis déplaisants, éviter les lieux dangereux, et éliminer les cinq empêchements (désir sensuel, ressentiment, paresse, agitation, doute). Si l’attention est effective, il ne faudra pas fournir trop d’efforts pour les surmonter.

Au plus tôt le désir sensuel sera surmonté, au mieux, sans quoi nous resterons l’otage d’une dette nous harassant sans cesse. Le moine Tissa en donne un bon exemple : après une semaine il perdit son attachement pour la robe et reprit naissance au plan céleste Tāvatiṃsa. C’est déroutant pour un esprit ordinaire que l’on puisse être un pou et ensuite un deva, mais c’est compréhensible dans la mesure où les vies futures sont déterminées par des forces mentales qu’aucun obstacle matériel ne peut entraver. C’est effrayant, mais par ailleurs, cela n’importe plus dès lors que nous sommes capables de surmonter les désirs sensuels par le biais de l’attention. Grâce à une attention le sotāpanna est entièrement prémuni contre les renaissances inférieures, l’anāgāmi a éradiqué tous les désirs sensuels et l’arhat, tout désir d’existence matérielle, subtile ou immatérielle.

Byāpāda (ressentiment, irritation, déplaisir) est une forme de maladie que l’on doit traiter sans délai grâce à l’attention. Un homme malade perd l’appétit pour des mets que d’autres trouveront délicieux. De la même façon, un mauvais caractère rejettera les conseils de ses proches, suspects à ses yeux. Exemple tragique d’une petite villageoise qui tua sa sœur en lui lançant des ciseaux après une altercation pour une vétille.

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