Ariyāvāsa sutta –empêchements (paresse, agitation et doute)

Thīna middha, le troisième empêchement, rend peu disposé à écouter le Dhamma et à pratiquer. Le pratiquant sous sa coupe est comme un prisonnier à qui la saveur du Dhamma est interdite, une saveur différente difficilement communicable. Dès les premiers signes de lassitude ou d’ennui, il faut noter.

Uddhacca kukkucca, l’agitation et le remord, constituent l’empêchement suivant. L’esprit flotte au-dessus de l’objet. Du temps du Buddha, un jeune moine éventait un aîné tout en rêvant quitter l’ordre et se marier, donnant libre cours à sa pensée discursive. Il frappa la tête de l’aîné l’ayant pris pour sa femme. L’inquiétude et le remord concernent des paroles et des actes malencontreux accomplis dans le passé. L’agitation et le remord font de nous des esclaves. Autrefois, les pauvres endettés étaient parfois forcés d’abandonner leur liberté et d’autres droits humains. Grâce à l’Occident, l’esclavage a été aboli. L’agitation et le remord bloquent l’accès au Dhamma.

Vicikicchā, le doute sceptique, se porte sur le professeur, l’enseignement, le Buddha, le Dhamma et le Sangha. On compare cet empêchement à un marchand poursuivi par des voleurs, qui s’arrête à un croisement et hésite sur le chemin à prendre. Il est rattrapé et tué. Selon les écritures : hormis les cinq demeures pures (suddhāvāsa), nous avons parcouru les 31 plans d’existence, les cieux, les enfers et tous les pays au cours d’innombrables vies. C’est pourquoi, afin d’atteindre le nibbāna où nous ne sommes jamais allés, nous devrions éliminer les pensées et suivre les instructions, observer les phénomènes aux six portes sensorielles.

L’objet d’observation importe peu, tant qu’il est lié aux cinq agrégats et aux phénomènes psycho-physiques. On peut démarrer à partir de n’importe quelle vision, son, odeur, saveur, partie du corps ou conscience (intention, imagination, pensée, ressenti, etc.) Ici nous observons le soulèvement et l’abaissement, qui ressortissent de la matérialité, l’élément air (vāyo dhātu). Les pratiquants de samatha peuvent entrer par la porte des jhāna. Mais selon le commentaire du Visuddhimagga, nous devrions commencer pas ce qui est facile, et non directement par le plus difficile comme le Paṭṭhāna, un livre de l’Abhidhamma. Nous devrions commencer par les quatre postures : assis, debout, couché et en marche. Le Buddha a instruit : lorsqu’il va, il sait, ‘je vais’ (gacchanto vā ‘gacchāmī’ti pajānāti), idem lorsqu’il est assis ou debout (nisinno vā ‘nisinnomhī’ti pajānāti ; ṭhito vā ‘ṭhitomhī’ti pajānāti), etc. Les gens doutent que l’enseignement du Buddha puisse être si simple et auraient rejeté ces instructions si elles n’étaient pas dans les textes. Ils voient la marche de manière conventionnelle. Mais le Buddha n’a pas dit : lorsqu’il va, il sait ‘le corps et l’esprit’ (gacchanto vā ‘nāmarūpaṃ’ti pajānāti). On peut remarquer beaucoup de choses par cette simple observation, comme le fait que l’intention d’aller précède l’action. Il faut commencer avec des objets simples et évidents et noter le doute s’il apparaît. Le doute peut sembler au départ innocent sous la forme de réflexion intellectuelle, comme un voleur qui, au final, nous dévalise complètement.

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