Ariyāvāsa sutta –empêchements (ressentiment et paresse)

Le second empêchement (nīvaraṇa) est byāpāda, le ressentiment. Il est la cause principale des crimes. L’incapacité à contrôler la colère nous aliène nos amis et mène à la souffrance dans les plans inférieurs après la mort.

Vedehikā, femme au foyer de Sāvatthī avant l’époque du Buddha était louée pour sa bienveillance, sa gentillesse et son amabilité. Sa servante, Kāḷī, se doutait néanmoins que son mauvais caractère n’avait pas l’occasion de se manifester car toute la sale besogne lui était laissée. Elle décida de la tester en restant au lit très tard le lendemain et déclara à sa maîtresse qu’elle restait au lit car cela lui chantait. Le visage de Vedehikā se durcit, mais elle se contint. Le lendemain, alors que Kāḷī paressait de nouveau au lit, elle ne put contenir des paroles dures. Le troisième jour, elle révéla sa laideur de caractère en lançant furieusement une planche à pâtisserie sur la tête de Kāḷī, la blessant vilainement. Toutes nos actions émanent de notre état d’esprit et il ne fait pas de doute qu’il nous faut contrôler celui-ci. Les humains cherchent à conquérir et contrôler la matière et le monde externe (atomes, informatique) mais il est bien plus urgent de contrôler notre esprit. La colère peut nous faire perdre notre réputation du jour au lendemain, comme Vedehikā dont la cruauté et l’hypocrisie furent relatées au voisinage. Il est plus facile d’être blâmé que loué. La pureté morale est le combat d’une vie et seuls ceux qui pratiquent la retenue et d’autres vertus sont loués. La colère rend notre comportement anormal et répréhensible, elle est la cause première des mauvaises actions. Notre devoir est de maintenir l’harmonie dans la communauté ou le couple et, si les frictions sont inévitables, il faut pouvoir les noter et les identifier. Le coléreux suscite la répugnance même des proches, tout comme un lépreux. Ce sont souvent les proches qui deviennent la cible des coléreux, les voisins dans les villages, les gens du Nord et du Sud d’un même pays, etc. L’intimité génère la malveillance, mais dans la difficulté, nous aurons besoin des proches.

Nous devrions toujours être aux aguets aux premiers signes de la colère, mineurs ou majeurs, et ne pas l’autoriser à enfler, par exemple, en se taisant. Byāpāda couvre le ressentiment, l’irritation, le mécontentement, la colère, la haine, la peur, l’anxiété, la frustration, l’impatience, la tension, etc. Tous ces états d’esprits sont comme des maladies.

La paresse et la torpeur (thīna middha) sont l’empêchement suivant. On répugne à écouter et à pratiquer le Dhamma, ou alors on ne médite pas suffisamment énergiquement ou résolument. Cela bloque le progrès et nous refuse la saveur du Dhamma, tout comme un prisonnier qui ne peut se réjouir ou se remémorer des festivités qu’on lui relate, comme le ruminant sa nourriture régurgitée. Dès qu’un signe évident comme la paresse ou l’ennui apparaissent, il faut les noter.

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