Ariyāvāsa sutta – les 5 empêchements

Ariyāvāsa signifie demeure noble des buddhā et des arhats. Les maisons en feuilles, en brique, en bois, en ciment, etc. nous protègent contre le soleil, le froid, les voleurs, les insectes, les reptiles, etc. Si l’on est sans abri, on fait face à de nombreux dangers. Mais les dangers du cycle des renaissances sont plus mortels que ceux d’une maison décrépite et déglinguée. On peut atterrir dans les quatre plans de misère. La vie dans les enfers ou comme fantôme est excessivement longue. On peut aussi renaître comme animal ou comme humain misérable. Mais même la vie d’un homme riche ne permet pas d’échapper à la maladie, la vieillesse et la mort. Le puthujjana ne peut échapper aux maux de la ronde des renaissances. Seuls les buddhā et les arhats y échappent en pratiquant les dix ariyāvāsa dhamma.

La première de ces demeures est l’élimination des 5 empêchements, à commencer par le désir sensuel (kāmacchanda nīvaraṇa). Le yogi s’efforce d’observer les phénomènes aux six portes sensorielles, mais quand l’attention et la concentration sont encore faibles, l’esprit est libre d’aller aux objets qu’il chérit. Le désir se porte sur les vues plaisantes, les sons enchanteurs, les douces fragrances, les mets délicieux, etc. Le Buddha a comparé l’objet du désir sensuel à un morceau de viande emporté par un milan becqueté par les autres oiseaux jusqu’à ce qu’il lâche le morceau. Pour le mortel ordinaire, les plaisirs des sens sont ce qu’il y a de meilleur dans la vie.

Il y a 5 objets du désir sensuel : la matérialité, animée et inanimée (rupārammana), les sons, paroles, musique (saddārammana), les odeurs, parfums, etc. (gandhārammana), les saveurs (rasārammana) et les sensations tactiles nées du contact physique avec des hommes ou des femmes, des vêtements, etc. (phutthabbārammana). Ces objets sont susceptibles de générer du désir sensuel et de faire obstacle à l’attention.

Les objets des sens sont comparés aux dettes : tout comme le débiteur doit respecter son créditeur, l’adepte des plaisirs des sens doit respecter l’objet de son désir. Il doit par exemple enfermer ses bijoux. Mais l’attachement aux êtres vivants est bien plus grand. Il faut témoigner une considération scrupuleuse aux sentiments des personnes aimées. Au plus nous nous soucions de leur bien-être, au plus nous avons des soucis.

Il est impossible de noter le désir à tout moment dans la vie quotidienne. En retraite, nous devons le noter, et s’il est fort, il faut le noter jusqu’à sa disparition, 30 fois s’il le faut. Nous menons une guerre contre les pollutions mentales. Exemple du moine Tissa qui était très avancé mais s’était attaché à sa nouvelle robe, et se réjouissait déjà de la porter le lendemain alors qu’il se rendait au lit. Il mourut la nuit et reprit naissance comme pou sur la robe. Les gens avaient du mal à le croire en raison de la vue fausse qui veut qu’une petite « âme » ne puisse reprendre naissance dans une grande et vice versa.

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