Ariyāvāsa sutta –processus de renaissance et observation du repoussant

Le moine Tissa reprit donc naissance comme pou sur la nouvelle robe qu’il avait reçue la veille et qui lui faisait envie. Un auteur matérialiste qui rejetait l’idée des vies futures argua que dans le cas où renaissance il y aurait, un être humain, soit l’être le plus développé qui soit, ne pourrait régresser au stade de pou dans une vie suivante, tout comme de l’or ne peut redevenir de la terre. Cette argumentation visait à convertir les bouddhistes au matérialisme et faisait le jeu de Māra, le Malin. Comme dans la phrase du paṭiccasamuppāda : saṅkhāra paccaya viññānam, c’est la dernière conscience de la précédente vie qui conditionne la première conscience de renaissance. Le potentiel de la matérialité n’y joue aucun rôle. Il n’existe rien de tel qu’une petite ou grande âme ou conscience. L’esprit d’un être ordinaire (puthujjana) ne diffère pas fondamentalement de celui d’un animal et n’est pas suffisamment fort ou mature que pour échapper aux renaissances inférieures. On le voit avec les personnes psychotiques ou atteintes de la rage. Mais il est possible de soutenir l’esprit du mourant avec la foi, l’énergie, la vigilance etc. pour le mener vers une renaissance supérieure, de même qu’un esprit souillé par la haine, la malveillance ou l’avidité ira vers les états de misère. Comme les obstacles matériels n’entravent pas la conscience, la distance ne joue pas : si l’esprit pense à un objet proche, il reprendra naissance à proximité, s’il pense à l’Himalaya ou à d’autres univers, son esprit y reprendra naissance.

Il existe différentes méthodes pour maintenir l’esprit dans les demeures nobles (ariyāvāsa) et le préserver des renaissances malheureuses : ① la réflexion par rapport à l’utilité des robes, soit protéger du chaud et du froid et cacher certaines parties à la vue. On ne les porte pas pour s’embellir. ② la réflexion par rapport au caractère repoussant du corps, par exemple les 32 parties du corps que le Buddha recommande d’observer vers le haut depuis la plante des pieds jusqu’à la pointe des cheveux et inversement dans le mahāsatipaṭṭhāna sutta : cheveux, poils, ongles, dents, peau, chair, tendons, os, moelle, reins, cœur, foie, intestins, rate, poumons, entrailles, estomac, nourriture digérée, selles, cerveau, bile, phlegme, pus, sueur, graisse, larmes, lymphe, salive, mucus nasal, synovie, urine. Il faut les observer comme étant impurs. Nous pratiquons ici vipassanā mais nous pouvons faire cette pratique lorsque nous nous rendons aux toilettes ou lorsque nous mâchons la nourriture par exemple. Beaucoup de yogis ont du mal à accepter cette pratique. Le Buddha a dit que l’attention au corps, lorsqu’elle est développée et pratiquée de façon répétée, donnait un sens suprême de l’urgence, apportait des bénéfices et la pleine conscience. Elle permet d’expérimenter la non-mort. Mais c’est en association avec d’autres pratiques qu’elle mènera à la réalisation de la vérité. ③ La méthode la plus simple néanmoins reste de noter les désirs sensuels apparus encore et encore et de les rejeter. Comme pour les dettes, nous devons payer leur prix sans délai.

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