Bénéfices de mettā, l’histoire de Māgaṇḍiya (épilogue)

Après cette parole de vérité donc, Māgaṇḍiya résolut de se venger. Dans la méditation aussi, on peut contempler le caractère impur du corps, pendant les repas, lorsque l’on se rend aux toilettes toutes les heures, etc. Lorsque l’on pratique vipassanā, l’instruction est de contempler le corps dans le corps, non pas au niveau du concept, mais le caractère impermanent, déplaisant, impersonnel et répugnant du corps. Si l’on ne pratique pas, on perçoit le corps au contraire comme permanent, plaisant, personnel et attrayant. Les ressentis, les états mentaux et les impressions sensorielles doivent être contemplés de la même façon.

Devenues sotāpanna, Sāmāvatī et ses dames d’honneur demandèrent à Khujjuttarā de quitter son rôle de servante et d’aller écouter chaque jour le sermon du Buddha pour pouvoir ensuite le leur rapporter. En raison d’un vœu prononcé plusieurs ères cosmiques auparavant, elle possédait le pāramī spécial de pouvoir mémoriser et reproduire les paroles de quelqu’un d’autre, y compris les intonations. Elle recevra du Buddha le titre honorifique de disciple laïque la plus érudite.

Par la suite, Sāmāvatī et ses dames d’honneur souhaitaient vénérer le Buddha, chose difficile pour des dames cloîtrées au palais. Khujjuttarā leur conseilla de creuser des petits trous dans les murs afin de voir le Buddha en tournée d’aumône. Cela parvint aux oreilles de Sāmāvatī qui tenta une première fois d’amener le roi à penser que ces dames voulaient attenter à sa vie en contactant des personnes extérieures au palais. Mais le roi n’en crût rien. Une seconde tentative cependant eût l’effet escompté. Elle fît dépêcher par son oncle un cobra édenté qu’elle cacha dans la harpe royale dans les appartements de Sāmāvatī. Alors que le roi était allongé sur la couche, elle ôta la guirlande de fleurs qui bouchait la sortie de la harpe. Une fois le cobra sur la couche du roi, elle hurla, invectiva le roi qui refusait de l’écouter, et Sāmāvatī et les dames d’honneurs pour leur perfidie. Le roi en colère demanda l’exécution de Sāmāvatī et des 500 dames d’honneurs. Celle-ci conseilla à ses dames d’honneur de rayonner mettā à l’intention du roi. Le roi, furieux, décocha directement la flèche lui-même, mais celle-ci se retourna et tomba à ses pieds. Mettā est plus acéré qu’une flèche. Si mettā est puissant, il est égal et ne fait pas de distinctions entre amis et ennemis. Quelqu’un par exemple qui rayonnerait mettā envers lui-même, un être cher, un être qui lui est indifférent et un ennemi, ne montrera pas de différence lorsqu’on viendrait exiger de lui qu’un homme soit livré pour un sacrifice. S’il se désignait lui-même par exemple, il montrerait une préférence dans son rayonnement de mettā.

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