Bhikkhu vertueux & onze aspects des agrégats

Le sīlavanta sutta relate une conversation entre Sāriputta, le premier disciple du Buddha en matière de sagesse et Mahākoṭṭhika, le plus versé dans les quatre types de connaissances analytiques (paṭisambhidā), qui s’est déroulée à Isipatana. Comme il est repris dans le Saṃyutta nikāya (khanda vagga), il vaut parole du Buddha. Pour les arhats, il était courant de se plonger dans la réalisation du fruit (phalasamāpatti) pendant les heures d’isolement de l’après-midi. L’esprit repose sur le nibbāna et ressent une grande paix. Vers la fin de l’après-midi, Mahākoṭṭhika sortit de son isolement, échangea des salutations avec Sāriputta et lui demanda : « à quoi un bhikkhu vertueux devrait-il consacrer une attention vigilante ? ». En réalité, il connaît déjà la réponse, mais voudrait amener les générations futures à respecter l’enseignement du Buddha.

Le mot vertueux (sīlavanta), signifie pur au niveau de la moralité. On dit cela des bhikkhū qui ne rompent aucune des 200 règles de discipline de leur code, ce qui n’est pas évident. Un moine avait demandé autrefois un sujet de méditation au Buddha, et celui-ci lui conseilla de commencer par travailler sa moralité et ses vues justes (sammādiṭṭhi), qui forment la base de la méditation. Les laïcs aussi devraient observer les 5 préceptes et, en retraite, les huit préceptes.

Le terme bhikkhu signifie ‘qui mendie sa nourriture’. Mais il serait dégradant de le considérer comme un mendiant ordinaire. Il s’agit d’une noble aumône (ariya yācana). Le bhikkhu attend silencieusement devant la porte des laïcs. Il accepte tout et parfois se fait rejeter. Un autre sens du mot bhikkhu est « qui craint de subir la souffrance du cycle des renaissances ». Celui qui voit, qu’il soit moine, homme, laïc ou femme, que les impressions sensorielles, voir, entendre, goûter, etc., apparaissent et disparaissent constamment et sont souffrance, et voit le samsāra comme dangereux, peut être qualifié de bhikkhu. Celui qui contemple le corps dans le corps aussi peut l’être. Pour la plupart des gens, bhikkhu signifie celui qui a quitté le monde ou celui qui suit l’enseignement du Buddha.

« Une attention vigilante (yoniso manasikāra) doit être prêtée aux 5 agrégats » répondit Sāriputta. Mahākoṭṭhika demanda alors comment leur prêter attention, à quoi Sāriputta répondit qu’il fallait les voir comme impermanent, souffrance, un malheur, une tumeur, un dard, une misère, une affliction, vide, non-soi, étranger et dissolution. Le Jhānasutta prononcé par le Buddha confirme ces onze façons de voir les 5 agrégats. Voir les 5 agrégats comme permanents, joyeux et personnels est une vue fausse. Les yogis observent à présent le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen, ils voient le corps apparaître et disparaître. Il faut observer de façon continue et se demander si le corps est permanent ou impermanent, si les sensations, agréables ou désagréables, sont permanentes ou impermanentes.

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