Caractéristique, fonction & manifestation des processus physiques

Lorsqu’il marche, se tient debout, est assis ou couché, le bhikkhu sait : « je marche, me tiens debout, etc. ». Quelle que soit la façon dont est disposé son corps, il le sait. Ces instructions du Buddha ont été mal comprises, même avant l’époque des commentaires. Même les animaux savent qu’ils marchent pensait-on. En réalité, le savoir du méditant est différent de l’homme ordinaire qui n’est conscient de marcher que superficiellement et ne distingue pas l’intention mentale qui précède du mouvement physique de la marche. Il y a deux processus aux caractéristiques, fonctions et manifestations différentes.

L’extension, le gonflement ou l’étirement de l’abdomen, c’est la caractéristique de l’élément air. Son mouvement, c’est la fonction de l’élément air et son transport, c’est sa manifestation. Nous observons alors la véritable nature. Selon le commentaire, comprendre les phénomènes par rapport à leurs caractéristiques, fonctions, manifestations et causes proches, correspond à la troisième purification, celle des vues (après celles de la moralité et de l’esprit). Les sections du commentaire relatives aux postures et aux claires compréhensions soulignent l’importance de l’élément air. Sa caractéristique est le support, comme quand il donne sa forme au ballon, sa fonction est le mouvement. C’est grâce à l’élément air que le corps s’étend, s’étire, se plie, va et vient. Sa manifestation est le fait de transporter. On expérimente parfois que quelque chose nous transporte, nous tire ou nous pousse. La manifestation est la façon dont le phénomène apparaît au méditant. Lorsque l’on observe l’abdomen, on expérimente l’extension, le repli, le mouvement, etc. La caractéristique, fonction et manifestation apparaissent simultanément sans que l’on puisse les différencier. Si nous observons un éclair une nuit d’été, la lumière est la caractéristique, la dissipation des ténèbres, la fonction, et la forme, la manifestation.

En notant le mouvement des pieds sans interruption à la marche, on voit finalement que c’est l’intention d’aller qui amène l’air à se mouvoir et que c’est la pression de l’air qui met ensuite le corps en mouvement. Il n’y a pas de « je » en réalité même si nous disons, par convention, « je marche ». Certains objectent que ces notes mentales nous ramènent au concept et empêchent de voir la réalité ultime. Mais le Buddha lui-même a instruit de noter avec des mots simples. En réalité, même un débutant perçoit déjà la réalité à côté du concept. Il n’est pas possible d’oublier le concept dès le départ. Au stade de la dissolution, les concepts disparaîtront complètement. Nous ne verrons plus qu’une succession de petits mouvements et la forme extérieure disparaîtra. Nous aurons l’impression de nous déplacer sans effort, comme si nous marchions au ciel.

Les instructions du Buddha pour les postures sont donc très simples mais permettent d’observer énormément de choses.

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