Caractéristiques et fonctions de sati

Nous comprenons en théorie comment les consciences se succèdent sans cesse en vertu de causes, mais pour parvenir à le voir en pratique, il faut renforcer les facteurs de l’attention, la concentration, la confiance, etc. Le facteur clé, c’est l’attention (sati). Le Buddha a déclaré qu’il n’existait qu’un seul chemin pour la purification de l’esprit, la libération de la souffrance, le développement de la compréhension et l’atteinte de nibbāna, soit les quatre établissements de l’attention (satipaṭṭhāna). Il n’y a qu’une seule attention, mais elle porte sur quatre catégories d’objets : le corps (kāya), les ressentis (vedanā), les consciences (citta) et les dhamma qui regroupent tout ce qui n’est pas inclus dans les trois premières.

Une des caractéristiques de sati, c’est qu’elle ne flotte pas (apilāpana) comme un ballon soufflé par le vent à la surface d’un lac. Elle s’enfonce comme une pierre et trouve sa place au fond, d’où elle ne bouge plus. Cette qualité permet de développer la puissance de l’esprit.

Une autre caractéristique c’est de saisir, maintenir et cerner précisément (upagaṇhanā). Si l’attention n’est pas ferme, l’objet n’est pas clair. Il faut faire l’effort d’établir l’attention sur l’objet dans l’instant présent. Viriya + sati = samādhi.

La fonction de sati est de ne pas oublier l’objet (asammussana). Si on pose sans attention un objet sur une table, on risque d’oublier où on l’a mis après quelque temps. Le yogi attentif ne ressentira pas le besoin de noter ses expériences sur un carnet de peur de les oublier à l’entrevue. À Panditarama en Birmanie, c’est plus strict et le yogi est tenu d’être concis et précis à l’entrevue car il y a beaucoup de yogis et la retraite est plus longue.

Une autre fonction de sati est de protéger. Nous pouvons savoir si nous disposons de l’attention si nous nous sentons en sécurité.

Une autre fonction est de pousser l’esprit vers l’objet. L’objet apparaît clairement.

La cause immédiate de sati est la ferme perception. Il faut noter et étiqueter sans interruption tous les objets. En d’autres termes, c’est l’attention elle-même qui est la cause de l’attention. En général, les yogis n’aiment pas étiqueter car ils pensent perdre ainsi le contact avec la sensation. Cela peut gêner il est vrai, mais cela permet de développer une attention plus ferme et pénétrante. La note elle-même importe peu, mais bien la qualité de l’attention. Au début très évidents, les mouvements de l’abdomen deviennent subtils et difficiles à percevoir. Nous pouvons alors noter ‘subtil’. Si les mouvements deviennent imperceptibles, noter ‘disparu’, sans essayer d’avoir une respiration plus claire. S’il n’y a plus d’objet, nous notons ‘savoir’ car la conscience est toujours là. Il est donc utile de noter.

Dix choses accompagnent les êtres, y compris les méditants, au cours de leur vie : chaleur, froid, faim, soif, scelles, urine, somnolence, vieillissement, maladie et mort. Grâce à la pratique, nous comprendrons de mieux en mieux ces choses. Par exemple, nous observons les caractéristiques propres aux quatre éléments, comme le mouvement pour l’air.

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