Cinq agrégats et huit facteurs du chemin dans la pratique

On peut expérimenter les 5 agrégats dans la méditation si on observe sans penser. Par exemple, le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen à l’assise ou les pieds à la marche, c’est rūpa, le fait de les noter, c’est viññāna. Si on parvient à noter, on est satisfait, si on déploie beaucoup d’efforts sans y parvenir, on est insatisfait ou malheureux, dans les deux cas, il s’agit de vēdanā. Reconnaître l’objet comme « soulèvement » ou « pas droit », c’est saññā. L’intention de noter, c’est sankhāra khanda, le groupe des formations mentales ou des intentions. Il en va de même lorsque l’on voit, entend, goûte, touche ou sent, lorsque l’on s’assied ou se lève. Dans les 5 agrégats, il n’y a pas de soi, pas d’esprit, d’entité, de créateur.

Les instructions pour la marche sont très simples, mais la pratique est difficile. Il faut garder la tête droite et les yeux vers le bas. S’il y a beaucoup de pensées, s’arrêter et noter attentivement les pensées. S’il y a de courtes pensées, il faut une attention plus soutenue.

On peut aussi expérimenter le noble octuple sentier dans la pratique : dans le simple fait de noter « soulèvement », les huit facteurs de l’octuple sentier sont présents : le groupe de la moralité (parole, action et moyens d’existence justes) sont présent du fait que nous avons pris les 8 préceptes ; l’effort est nécessaire sans quoi il n’est pas possible de noter, lorsque l’on fait attention, sati est présent et lorsque sati reste sur l’objet, l’esprit ne va nulle part, il s’agit de samādhi. Lorsque l’on note « soulèvement » enfin, la vue juste ou la compréhension juste sont présentes car on sait qu’il s’agit du soulèvement. La pensée juste ou la juste direction de l’esprit sont déjà présentes aussi même si on ne voit pas encore les trois caractéristiques, car sans elle, il n’est pas possible de connaître l’objet.

De même que les yogis peuvent expérimenter les 4 éléments, les 5 agrégats et les huit facteurs du sentier, ils peuvent aussi expérimenter les 7 bojjhaṅgā, les 4 nobles vérités, les douze bases sensorielles, etc. On note des choses très simples mais la compréhension devient très profonde. On s’intéresse au Dhamma et ainsi accumule des pāramī.

On expérimente aussi les connaissances vipassanā en réalisant que l’esprit et la matière sont séparés, que le corps ne sait rien et que l’esprit sait, sans plus. On comprend que s’il y a prise de note, c’est parce qu’il y a eu soulèvement, que s’il y a soulèvement, c’est parce qu’il y a respiration, que s’il y a mouvement, c’est parce qu’il y a intention, etc. Lorsque l’attention est forte, il est possible de noter les intentions à chaque instant, pour chaque segment de mouvement, et de voir que l’intention qui précède est connectée à celle qui suit, ce qui est fatiguant et permet de comprendre le sens réel de dukkha.

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