Cittānupassanā

Du temps du Bouddha, il était fréquent que des personnes âgées ou jeunes atteignent l’illumination sur simple écoute d’un enseignement. À l’âge de 7 ans, Visākhā devînt sotāpanna et le sāmanera Sumana, arhat. Quant au novice Paṇḍita, ordonné par Sāriputta à 7 ans, il suivait un jour son maître en tournée d’aumône, et s’enquît successivement des fermiers canalisant l’eau, des archers affûtant des flèches et des charpentiers coupant du bois. Il se demanda ensuite pourquoi l’eau, le bambou et le bois dépourvus de conscience pouvaient être utilisés à bon escient alors que son esprit restait indomptable et inutile. Il en conçut un sens de l’urgence (saṃvega) et demanda à son maître l’autorisation de retourner dans sa cahute pour méditer. Il pratiqua les quatre satipaṭṭhāna, observant tous les mouvements du corps, les sensations (étant issu d’un milieu riche, il connaissait peu dukkha), les pensées (étant jeune, il n’avait pas beaucoup de kāmarāga ou paṭigha saṃyojana) et les contacts sensoriels. Il parvînt à se dompter (dama) à se calmer (sama) et à être patient (khanti). Avant le déjeuner, il devînt anāgāmi. Sakka, roi des devā, et le Bouddha intervinrent pour éviter que sa méditation soit interrompue. Finalement, celui-ci atteint l’état d’arhat à 3 heures de l’après-midi.

Quant à nous, avons-nous éliminé les 5 empêchements ? L’esprit vagabonde partout, au plus on est attentifs, au plus on le remarque. Il faut déployer une grande énergie mentale (détermination) et physique (maintenir le dos droit). Chaque fois que l’esprit quitte l’abdomen, il faut le noter et y revenir aussitôt la pensée disparue. Si on les note attentivement, on verra le processus, la succession des états mentaux : joie, chagrin, découragement, irritation, envie, égoïsme, inquiétude, etc. L’Abhidhamma en énumère 52 mais il ne faut pas les étudier pour les expérimenter. Si par exemple la colère apparaît, on note « colère », « colère », « colère ». Si on la note attentivement, elle disparaîtra et l’utilité de noter nous deviendra claire. Si le découragement ou la déception apparaissent, il faut redoubler d’attention. Lorsque nous parviendrons à noter l’objet attentivement du début à la fin, la confiance va apparaître. Mais il y aura encore des pensées, on imaginera par exemple parler au professeur pour relater notre expérience ou aux yogis pour les encourager. Le Buddha a dit que l’esprit était très fin, difficile à voir, se déplaçant où il veut. Nous sommes rivés sur l’abdomen et pourtant les pensées parviennent à s’infiltrer à notre insu, elles sont plaisantes et nous pensons toute l’heure sans nous en rendre compte. Pour le puthujjana, c’est difficile, mais l’homme sage parvient à les contrôler, à se mettre en sécurité et à être heureux. Si le yogi s’efforce d’être attentif tout le temps, y compris dans les activités quotidiennes, il y parviendra, il verra à quel moment du soulèvement ou de l’abaissement l’esprit s’apprête à partir. Il verra les apparitions et disparitions. Il ne faut donc pas se décourager face aux pensées, si on les note, il n’y aura plus de désir.

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