Claire compréhension des moines quêtant leur nourriture

Suññāgāraṃ paviṭṭhassa santacittassa bhikkhuno amānusī rati hoti, sammā dhammaṃ vipassato – Le bhikkhu qui se retire en un endroit isolé a l’esprit calme, voit clairement le Dhamma et va expérimenter la joie.

Quand il vit solitaire, le yogi reste dans son domaine, il est attentif aux quatre établissements de l’attention, paisible, satisfait de sa pratique, ne cherche pas la compagnie et est heureux, c’est la troisième claire compréhension (sampajañña).

J’ai constaté pendant l’entretien que les yogis avaient progressé : ils parviennent à expliquer facilement leur pratique. Ils emmènent leur attention partout avec eux et peuvent désormais noter même les activités quotidiennes, lesquelles deviennent intéressantes. Ils restent dans leur domaine. Leur attention s’est développée et est petit à petit devenue très forte, c’est la concentration. Ce n’est plus aussi difficile qu’au début. Ils sont capables de rester immobiles face aux douleurs et ils voient les autres objets apparaître (voir, entendre, etc.). Ils sont heureux car ils sont capables de noter tous les objets au moment où ils se manifestent. Tout comme quelqu’un se sent en sécurité chez lui, le yogi qui réside dans les quatre établissements de l’attention n’est pas envahi par les pollutions mentales (kilesā).

Il y a quatre types de bhikkhū (ou yogis) :

❶ Celui qui emmène son attention avec lui quand il part en tournée d’aumône mais ne la ramène pas au retour parce qu’il répond aux questions qu’on lui pose, etc.

❷ Celui qui ne l’emmène pas avec lui mais la ramène au retour. Comme le feu digestif le brûle le matin, il est impatient d’aller au village mais, une fois rassasié, il peut se concentrer sur sa tâche. Il faut distinguer le vinaya bhikkhu et le sutta bhikkhu. Le premier est ordonné par quatre moines, doit obéir aux règles, quêter sa nourriture et accepter tout ce qu’on lui donne. Il est attentif de façon générale quand il quête sa nourriture. Le second est pris par un sentiment d’urgence et pratique la méditation dans le but de se libérer de la souffrance. Il renonce temporairement ou définitivement au monde. Les yogis dans la technique de Mahasi doivent être attentifs de 4h à 22h et noter précisément. Ils ont des tâches après le petit déjeuner. Les moines aussi balaient le temple, ratissent les feuilles, nettoient leur chambre, enlèvent les détritus, remplissent les jarres d’eau. Autrefois cette tâche demandait beaucoup d’énergie car il fallait puiser profondément l’eau du puits à la main et apporter l’eau au Sangha, aux professeurs, aux toilettes, etc. Sans nourriture dans l’estomac les moines étaient très fatigués. Nous avons beaucoup de confort aujourd’hui mais, à l’époque, il n’y avait pas non plus d’électricité. Ce centre convient bien pour la pratique.

❸ Celui qui ne l’emport ni à l’aller, ni au retour. Le Buddha avait qualifié un jour un moine très érudit d’inutile, parce qu’il ne pratiquait pas.

❹ Celui qui peut percevoir clairement le Dhamma et ressentir une joie très différente des plaisirs sensuels. C’est de ce bhikkhu là que nous devons nous inspirer.

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