Claire compréhension et joie spéciale

Pour développer les connaissances vipassanā et réaliser nibbāna, il est nécessaire de comprendre clairement l’enseignement du Buddha, soit anicca, dukkha et anatta. Sampajañña, c’est voir clairement, à fond, du début à la fin, qu’il s’agisse du soulèvement et de l’abaissement de l’abdomen ou de tout objet qui apparaît aux six portes sensorielles. Cela demande un effort afin que l’esprit adhère à l’objet. Il y a quatre types de claires compréhensions :

❶ sātthaka sampajañña. Avant de s’engager dans n’importe quelle entreprise, il faut examiner si c’est bénéfique. Le Buddha a énuméré sept bénéfices à la pratique de l’attention : purification des êtres, victoire sur le chagrin et les lamentations, disparitions de la douleur physique et mentale, atteinte du chemin et du fruit et réalisation de nibbāna. Si nous les connaissons, nous ne serons pas négligents mais suivrons attentivement et respectueusement les instructions.

❷ sappāya sampajañña. En retraite, il ne convient pas de se livrer à d’autres pratiques. Le yoga par exemple est bénéfique, mais constitue un obstacle dans le cadre d’une retraite car il nous fait oublier d’être attentifs. Nous ne devrions pas nous inquiéter par ailleurs de notre santé car la pratique maintient le corps et l’esprit en équilibre. Nous alternons d’ailleurs assise et marche.

❸ gocara sampajañña. Le domaine du yogi, ce sont les quatre établissements de l’attention : ① les activités corporelles (kāyānupassanā) ② les ressentis agréables, désagréables ou neutres ③ tout ce qui se passe dans l’esprit ④ les dhammā (voir, entendre, sentir, goûter, toucher ou penser).

❹ asammoha sampajañña. Si nous nous maintenons dans notre domaine, tout sera très attentivement noté dans le corps et l’esprit. Nous comprendrons alors clairement et l’esprit ne sera pas illusionné. Les mouvements de l’abdomen ou des pas serons vus clairement. Une joie extraordinaire (amānusī rati) va se manifester qui n’est pas la complaisance ordinaire dans les plaisirs sensuels de l’esprit qui s’évade. Elle découle d’un esprit serein et clair qui contemple le Dhamma. Sa disparition n’entraîne pas la souffrance.

Au début, l’esprit s’envole dans des imaginations, projets, souvenirs, etc. Nous fournissons un effort et nous familiarisons peu à peu avec les objets qui apparaissent. Les ressentis désagréables nous irritent et nous voulons bouger. Mais peu à peu l’esprit se calme. Nous voyons que les sensations varient en intensité, se déplacent, voire disparaissent. Elles ne nous affectent plus. Nous découvrons avec fascination la caractéristique du changement. Mais peu à peu l’agitation retombe alors que nous nous y habituons et les ressentis deviennent neutres. Tout attachement aux sensations disparaît et l’esprit devient très tranquille (santacitta)

Il y a trois degrés d’isolement : ① un esprit calmé aime se trouver en un lieu isolé du monde, c’est l’isolement physique (kāyaviveka) ② lorsque l’observation des apparitions et disparitions rapides des phénomènes dans l’ensemble du corps est ininterrompue, l’esprit est isolé des impuretés (cittaviveka) ③ nibbāna représente le degré suprême d’isolement (upadhiviveka).

Tout ceci se base sur l’attention (sati) qui permet la concentration et la sagesse.

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