Claire compréhension : marche et activités quotidiennes

Les quatre sampajañña sont ❶ sātthaka ❷ sappāya ❸ gocara et ❹ asammoha. Nous voulons voir les choses clairement telles qu’elles sont, mais les kilesā (pollutions mentales) nous en empêchent.

Le domaine du yogi (gocara), ce sont les quatre établissements de l’attention. Si on se maintient sur eux, les kilesā n’apparaîtront pas. Au moment de noter, ils sont absents, il n’y a pas de recherche, d’orgueil, de vue fausse ou de colère. On parvient à voir clairement, complètement, parfaitement et à fond.

Les yogis rapportent leurs sensations à la marche : dureté, mouvement, etc. Le nombre de pas n’est pas important, ce qui compte, c’est l’attention. Se maintenir dans le corps du début à la fin du mouvement, c’est rester dans le domaine du yogi. Il n’y a pas de pensée à ce moment-là. Si on est très attentif, lorsque gocara sampajañña devient puissant, un type de compréhension peut émerger, il se peut qu’on remarque fugacement une intention, même si on ne la note pas.

Lorsque asammoha sampajañña est présent, le yogi n’a plus de doute par rapport au Dhamma, car il voit les instants apparaître et disparaître distinctement. L’esprit est clair, alerte, pur. Si ce n’est pas clair, on peut faire deux notes par pas, ce qui nous oblige à être plus attentifs. Le professeur instruit de noter l’intention avant de marcher, mais au début on peut avoir l’impression de prétendre. L’intention amène l’élément « air » à osciller. Avec l’attention, on peut voir chaque segment du processus.

Si on comprend la marche, on comprend aussi les autres activités : voir, entendre, étendre ou replier les membres, changer de posture, enfiler des vêtements, manger et boire, se rendre aux toilettes, être debout, couché, se réveiller, parler ou se taire. Il faudrait pratiquer respectueusement. Lorsque l’on mange, toutes les activités doivent être notées : voir la nourriture, l’amener à la bouche, mâcher et avaler surtout. Peut-être certains yogis réaliseront-ils, alors qu’ils seront lassés de manger, un certain sens de l’urgence. Si on fait cela, la confiance va se renforcer, et de la confiance procédera un effort accru, lequel permettra de voir de plus en plus clairement et de faire émerger la connaissance d’investigation, la compréhension des trois caractéristiques de dukkha, anicca et anatta, même si on ne connaît pas les mots pāḷi.

L’attention écarte les racines néfastes de lobha, dosa et moha, c’est le premier bénéfice de satipaṭṭhāna : la purification des êtres. On souhaite vivre vieux, en bonne santé et jeune. Si l’avidité est repérée, on ne risque pas, motivés par elle, de commettre des erreurs. La colère par ailleurs brûle celui qui se met souvent en colère et le vieillit prématurément. Bien sûr, on ne peut rester éternellement jeune. Nous pratiquons pour nous libérer de la souffrance surtout. Mais sans effort, ce n’est pas possible.

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