Comment noter les éléments. Les saṃyojana

Dans le mahārāhulovāda sutta, le Buddha explique à Rāhula comment observer les éléments. Si nous notons attentivement, ils vont nous apparaître spontanément, sans que nous devions les chercher, nous comprendrons qu’ils ne nous appartiennent pas, qu’ils ne constituent pas une personne.

Il nous faut tout noter aux six portes des sens, maintenir l’attention sans interruption sur l’objet, à l’assise, à la marche et dans les activités quotidiennes. Nous commencerons alors à ressentir le mouvement, parfois doux, parfois saccadé. Notre compréhension va graduellement changer. Au début, on voit le mouvement, mais l’idée d’un abdomen se dilatant vient à l’esprit, ou l’image d’un pied qui avance. C’est une forme de visualisation nécessaire au début pour maintenir l’esprit sur l’objet. Même si nous ressentons le mouvement parfois, il est difficile de le faire de façon continue, car les pensées viennent interrompre l’attention. Un esprit encombré par les empêchements n’est pas clair. Lorsque l’attention aura été accumulée, on ressentira la véritable nature, douceur, dureté, etc. et la forme ne viendra plus à l’esprit même si on la cherche. Le yogi pourrait même se demander si sa méditation n’a pas régressé. Peut-être va-t-il se lasser de noter toujours l’objet primaire et de faire le même rapport encore et encore. En réalité, cet ennui est différent : on ne ressent plus que des sensations très subtiles, on voit le début et la fin du mouvement et les segments de chaque mouvement, les apparitions et disparitions incessantes. Le yogi pense qu’il est malade, que sa vue se détériore, mais l’instructeur l’encourage à continuer. Ainsi, il ressentira le dégoût pour les éléments et s’en détachera, c’est la plus grande qualité du yogi. Le Buddha expliqua à Rahula que si le bhikkhu ne voyait pas de « moi » dans les éléments, il avait mis fin au désir et atteint l’état d’arhat. Le yogi qui comprend les éléments peut donc devenir un arhat.

Il y a dix entraves dont il faut se défaire pour atteindre l’état d’arhat. Le sotāpanna a éliminé sakkāya diṭṭhi, il ne voit plus de concepts, des hommes ou des femmes, mais seulement des processus psychiques et physiques (nāmarūpa).

Il a aussi éliminé le doute sceptique (vicikicchā) et n’entretient plus de doutes sur le Buddha, le Dhamma et le Sangha.

Il n’a plus foi dans les pratiques incorrectes pour se libérer de la souffrance et atteindre la paix, comme vénérer les montagnes ou adopter la vie du chien. Il sait désormais que s’il a atteint l’illumination, c’est grâce à sa pratique.

Saṃyojana signifie entrave. Elles lient les êtres à la façon de cordes. Les puthujjana ont encore un fort attachement. Au premier stade, les trois premières entraves sont éliminées. Mais les entraves du désir sensuel (kāmarāga) et de la colère (paṭigha) sont encore en partie présentes. On aime voir, entendre, goûter, toucher ou penser de bonnes choses. Mais le yogi qui médite en élimine les formes les plus grossières lorsqu’il note. Même s’il pense encore, ses pensées ne seront plus liées aux plaisirs des sens.

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