Consciences et kamma

Selon les sutta, il y a trois types de ressentis (vedanā) : agréables (sukha), désagréables (dukkha) et neutres (upekkhā) et cinq selon l’abhidhamma.

Ressentis pénibles

Lorsque l’on médite, on porte l’attention aux portes des sens. Dans le cas de la vision, l’objet sensitif percute la partie sensible de la rétine. Par conscience visuelle (cakkhu viññāṇa), on entend conscience qui dépend de l’œil pour apparaître. Les objets visuels, auditifs, olfactifs et gustatifs difficiles à endurer sont déjà porteurs d’un arôme (dukkha, sukha, etc.) selon les sutta, mais selon l’abhidhamma au moment même de voir, d’entendre, de flairer ou de goûter, le ressenti est encore neutre. Ainsi, la première conscience qui apparaît sur la base de l’œil est-elle encore équanime. Cet objet horrible apparaît en raison des actes mauvais accomplis dans le passé (akusala kamma). Conformément à la pratique de l’équanimité (upekkhā bhāvanā), nous ne le reprochons donc à personne (sabbe satta kammassaka). Nous devons noter « voir », observer l’objet et la conscience visuels, et ne pas se laisser emporter vers le niveau conceptuel.

Il en va de même pour les consciences auditive, olfactive et gustative (sota, ghāna et jivhā viññāṇa). Il faut noter « entendre » sans émettre de jugement, sans quoi abhijjā et domanassa vont apparaître.

La conscience tactile (kāyaviññāṇa), dépend du corps entier et s’accompagne, dans le cas d’une conscience résultante négative (akusala vipāka kamma), d’un ressenti physique désagréable (dukkhasahagata kāyaviññāṇa).

Le résultat du kamma passé est fixé dans le processus mental appelé vīthi, mais la partie active de ce processus, javana, peut être changée. Lorsque les yogis notent tous ces différents types de consciences, ils génèrent toutes sortes d’impulsions bénéfiques (vipassanā kusala javana). On ne blâme personne, on accepte ces kamma résultants négatifs, on les dépasse et on produit du kamma sain.

Ressentis agréables

Il y a quatre conditions pour qu’apparaissent la conscience (visuelle, auditive, olfactive et gustative) : lumière (ou espace, air et eau), sensibilité de l’organe, objet et attention. Quatre conditions sont également nécessaires à l’apparition d’une conscience tactile : la terre (la qualité de dureté ou de douceur), la sensibilité au toucher répandue sur tout le corps, l’objet, et l’attention. Il y a énormément de sensations tactiles : assis, toucher, soulèvement, abaissement, inspir, expir, lever du pied, étendre le bras et beaucoup d’autres à découvrir.

On ne peut dire où se trouvent ces consciences qui apparaissent en fonction des kamma positifs ou négatifs. Les yogis pratiquent le contrôle des sens. Ils voient les consciences sensorielles apparaître puis disparaître rapidement. Si on expérimente une sensation douce, c’est le résultat du bon kamma accumulé dans le passé, il faut dire merci et se remercier soi-même. Il faut tout noter : « voir », « entendre », etc. sans aller jusqu’au stade du concept, du jugement, de l’analyse, mais observer juste assez pour expérimenter. Ne pas se remémorer des ressentis sans quoi les pollutions mentales (kilesā) s’accumulent. En notant tout de suite, on capte la réalité et on élimine les kilesā, c’est très pragmatique.

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