Équilibre des cinq facultés et quatre éléments

Pour disposer d’une confiance (saddhā) complète, il faut expérimenter le Dhamma, ce qui demande 5 facultés (indriya) en équilibre.

Les yogis ont des tempéraments différents. Si saddhā est en excès par rapport à paññā (essentiellement la connaissance du Dhamma), le yogi ne saura pas ce qui est bon et mauvais et pourra être facilement trompé. Si paññā est en excès, comme pour un yogi qui a beaucoup lu mais ne croit pas vraiment, il négligera de pratiquer ou d’accomplir des actes méritoires.

Viriya et samādhi aussi doivent être en équilibre. Un yogi trop scrupuleux et ambitieux qui veut tout noter parfaitement, s’efforce de se maintenir sur l’abdomen mais manque de noter ‘désir’. Il devient agité.

Les yogis qui parviennent à suivre le programme et sont réguliers tout au long de la journée équilibrent leurs facultés. Samādhi se développe et la sagesse suit. La cinquième faculté, sati, peut-être développée à l’infini.

Au début, nous ne voyons que le mouvement de l’abdomen. Peu à peu, l’esprit qui note se renforce. Il faut noter sans interruption, comme s’il fallait produire l’attention à l’aide d’une génératrice, « éliminant la convoitise et le mécontentement ». En dépit des douleurs, le yogi maintient la posture. Les uns perçoivent une dilatation, d’autres une montée, une poussée ou encore de la dureté à la fin du soulèvement. Tout cela est dû à la présence d’air dans l’abdomen. Parfois c’est régulier, parfois c’est tendu. Parfois de la chaleur ou des bruits dans l’estomac sont perçus. Parfois, le yogi ressentira soudainement le point de contact de la main droite posée sous la gauche. Il verra précisément dans la main le point où se manifeste la chaleur ou la lourdeur. Il ressentira peut-être le contact au niveau des genoux, de la chaleur aux chevilles, des tremblements ou encore des démangeaisons qui sont une manifestation très puissante et subtile de l’élément ‘air’. Ces sensations se manifestent spontanément sans qu’il faille les rechercher. Le yogi pourra en parler sans difficulté à l’entrevue.

Quand le Buddha est revenu 7 ans après avoir renoncé au monde, sa femme lui enverra son fils de 7 ans réclamer son héritage. Le Buddha le fera novice. Il lui expliquera que l’élément terre (paṭhavī) est interne ou externe et qu’il faut le comprendre selon sa nature réelle. Il en va de même des trois autres éléments : āpo, tejo et vayo qu’il faut observer de façon continue pour voir leur caractère impermanent, insatisfaisant et impersonnel.

Si les yogis disent n’avoir pas expérimenté ces éléments, je les crois. S’ils disent les avoir expérimentés, je les crois. Il est très difficile de savoir où nous en sommes. Au plus nous notons, au plus nous comprenons. Les yogis peuvent penser qu’ils n’expérimentent pas le Dhamma quand ils ressentent de la tension à la fin de leur méditation, mais cette tension, c’est le Dhamma. Ils ne mettent pas leur expérience en rapport avec le Dhamma et attendent en réalité autre chose.

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