Formes d’attachement aux objets matériels et aux ressentis

Les yogis observent la matérialité à chaque instant lorsqu’ils notent : debout, assis, soulèvement, abaissement, marcher, s’étirer, etc. Il y a trois façons de voir rūpa : ceci est à moi (mon abdomen, ma main, etc.), je suis cela ou ceci est mon moi.

① Si on se met à aimer un objet, à le regarder avec plaisir – par exemple ce qu’on veut acheter au supermarché – on se l’imagine déjà sien et on s’y attache, qu’il soit animé ou inanimé. Mais tout comme nous aurions peur de nous unir à une personne dont on sait la mort prochaine, ou de nous installer dans une maison qui menace ruine, les agrégats dont nous voyons l’apparition et la disparition rapide nous apparaîtrons comme effrayants, une souffrance terrible et ne susciteront pas ce premier type d’attachement par convoitise.

② On pense : « j’ai de bons yeux, je suis beau, fort, etc… » L’attachement par vanité (māna) se développe lorsque l’on croit la matière permanente. C’est comme un trésor que nous aurions caché et dont nous serions fiers tant que personne ne l’a découvert. À ce moment, la bulle de vanité éclate. Le yogi réalise que la bonne vue ne perdure pas une fois que la vision a eu lieu.

③ On pense que les phénomènes matériels perdurent et peuvent être contrôlés. C’est l’attachement par les vues fausses. Si c’était le cas, nous pourrions décréter ne vouloir ressentir que de l’agréable. Comprendre que ces phénomènes sont incontrôlables nous évitera de nous y attacher par vue fausse.

Le Buddha demande ensuite aux cinq bhikkhū si les ressentis (vedanā) sont permanents. Il y a trois types de ressentis : agréables, désagréables et neutres. Nous nous y attachons en pensant qu’il existe un Ego à l’intérieur du corps qui perdure de la naissance à la mort et même au-delà et que c’est lui qui ressent du bonheur ou du désagrément dans le corps et l’esprit. En réalité, lorsque nous expérimentons du bonheur, il n’y a aucune place à ce moment-là pour les deux autres types de ressentis. Ces ressentis se succèdent et ne coexistent pas. Alors que nous expérimentons une douleur, il est possible qu’une bonne nouvelle amène un ressenti agréable. Une personne ordinaire pensera ressentir simultanément les deux. Elle ne pourra distinguer ces deux consciences ou ces deux ressentis différents.

Page précédente