Grande compassion – la vieillesse et la mort

Le Buddha a perçu les différents types de souffrance qui affectaient les êtres et en a conçu une grande compassion. Il a montré la voie pour se débarrasser du fardeau des agrégats, mais lorsque l’on ne pratique pas, on ne se rend pas compte que ceux-ci sont lourds à porter. Quand l’attention et la concentration sont renforcées, la nature réelle des agrégats, l’impermanence, la souffrance et le non-soi, nous apparaissent. À ce moment-là, nous pouvons nous en délester quelque peu et puis, graduellement, atteindre la libération complète de la maladie, du vieillissement et de la mort, le Nibbāna. Le Buddha a consacré sa vie à enseigner et à voyager. Il ne dormait que 4h la nuit. Sur son lit de mort encore, il enseigna le Dhamma à l’ascète Subhadda. Il sacrifia donc son propre bonheur.

Nous pouvons développer notre propre karuṇā et aussi développer un sentiment de révérence à l’égard du Buddha pour son sacrifice.

Le Buddha a perçu en profondeur comment tous les êtres étaient inéluctablement entraînés vers la mort. Mais pour notre part, même si nous nous en rendons compte par la réflexion, nous continuons à penser que nous sommes en bonne santé et vivrons longtemps, nous ne commençons à y penser vraiment que vers 50 ou 60 ans, avec les premiers signes de décrépitude et la faiblesse du système immunitaire.

En réalité, comme le bœuf entraîné à l’abattoir par ses bourreaux, dès la naissance, nāma et rūpa nous entraînent imperceptiblement vers la mort au rythme d’apparitions et de disparitions rapides. Le yogi qui sait chaque soulèvement, chaque abaissement, chaque nouvel état mental, chaque pas etc. est de plus en plus concentré. Sa capacité à noter s’améliore, il voit la véritable nature, comprend qu’il y a différentes consciences (visuelle, auditive, etc.). Les unités de corps et d’esprit se succèdent différentes à chaque fois. Au stade de bhaṅga ñāṇa, il voit la dissolution rapide du corps et de l’esprit et la progression rapide vers la mort.

Tout le monde meurt vers 70 ou 80 ans, les dictateurs, les héros, les miséreux, etc. On peut pratiquer maraṇasati en réfléchissant à l’inéluctabilité de la mort. On peut pratiquer aussi un niveau très élevé de compassion envers tous les êtres en méditant au fait qu’ils sont entraînés malgré eux vers la mort. Ou alors rayonner karuṇā envers les êtres séparés de ceux qui leur sont chers ou en difficultés économiques, etc.

Le Buddha perçut que les êtres n’avaient personne à qui se fier ou pour les protéger. Dans un sutta, le roi Korabia ne comprend pas cela. Il dit à Raṭṭhapāla : « nous avons pourtant une armée, des généraux, etc. ». Raṭṭhapāla lui explique que de la même façon qu’il est sans recours face à une maladie sérieuse et de la même façon que son entourage ne peut rien pour lui à ce moment, nous sommes seuls face à la vieillesse et la mort.

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