Grande compassion : les propriétés véritables

Voyant les êtres lutter pour assurer leurs moyens d’existence, être emportés inéluctablement vers la mort et forcés d’abandonner leurs possessions, les buddhā ont conçu une grande compassion.

La maladie l’emportera sur la santé et la vieillesse sur la jeunesse. Même si nous jouissons dans cette vie d’une grande réputation et d’une large compagnie, nous en serons privés à la mort, comme de tout ce qui, du point de vue mondain, est bon et agréable. Le Vinaya indique que l’empereur Sirīdhammāsoka qui s’était converti au bouddhisme voulait construire 84.000 monastères, pagodes, citernes et puits pour égaler le nombre d’unités de Dhamma (dhammakkhanda) contenues dans les écritures.  Bien qu’il fût un dictateur bienveillant et extrêmement riche, il finit ses jours dans le dénuement, ayant distribué toute sa fortune en charité. Le Visuddhimagga relate qu’il avait fait le vœu de donner l’équivalent de 100 crores d’argent et était parvenu à 96. À chaque repas, il donnait la vaisselle en or utilisée au monastère Kukkutarama. À la fin de sa vie toutefois, les ministres commencèrent à lui manquer de respect, le servirent dans une vaisselle en argent, puis en terre cuite. Alors qu’il était alité, il observa que son empire qui s’étendait autrefois à tout Jambudīpa se réduisait désormais au demi-myrobolan qu’on lui servait. Il faudra abandonner la position que nous avons acquise et à laquelle nous nous sommes attachés. Comme le Buddha, nous devons visualiser ces êtres qui s’emparent de possessions comme si elles étaient leurs et souhaiter qu’ils soient libérés de la misère.

Mais les propriétés supramondaines pourront, quant à elles, être emportées après la mort. Les sotāpannā possèdent sept trésors (ariyadhana) : ❶ Saddhā : ayant trouvé le véritable Dhamma et vu que les kilesā pouvaient être graduellement éliminé, ils croient que le Buddha a pu s’en libérer entièrement. Ils croient aussi dans le Sangha et dans leur propre pratique. ❷ Sīla. La moralité est intégrée et observée intégralement. ❸ Hiri. Tant que la honte de commettre des actes immoraux nous habite, nous nous en abstiendrons. ❹ Ottappa. Il s’agit plutôt de la peur des conséquences des actes mauvais, notamment du blâme. Hiri et ottappa vont de pair et l’un ne peut exister sans l’autre. Ils sont appelés gardiens du monde (lokapāladhammā) car si l’un ou l’autre est perdu, la société est contaminée. ❺ Suta. L’apprentissage ou la compréhension de l’enseignement par la théorie ou la pratique. ❻ Cāga. Il est dit des mains d’une personne qui ne s’attache pas trop à ce qu’elle possède et donne facilement, qu’elles sont lavées (de l’avarice). ❼ Paññā. Il s’agit spécifiquement de la connaissance de l’apparition et la disparition de tous les phénomènes psychophysiques. Même si ce stade est peu élevé dans vipassanā, il est très important, car faute de l’atteindre, nous ne serons jamais lassés de l’esprit et la matière et ne ferons rien pour sortir du saṃsāra.

Si nous nous aimons réellement plus que tout autre, nous devrions développer ces sept trésors et ressentir de l’empathie pour les autres.

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