Grande compassion : les sept flèches

Les gens ordinaires ne comprennent pas quel type de flèche les frappe, bien que ce soit très douloureux et que cela les rend misérables. Les sept flèches sont :

❶ Rāga. Nous vivons dans le monde sensuel et sommes donc toujours sujets au désir sensuel. Pour un arhat, l’irruption des flèches de kāmarāga est insupportable mais les gens ordinaires s’en réjouissent.

❷ Dosa. On remarque cette flèche plus facilement. Le visage devient affreux et noir, l’esprit agité. L’homme ordinaire ne le réalise pas et pense que cette colère est utile et justifiée. Il peut même se fâcher contre ceux qui cherchent à l’aider.

❸ Moha. L’homme ordinaire pense que la vie est permanente, que les choses sont plaisantes, qu’il existe une entité vivante au sein de nāma et rūpa. Il ne comprend pas la souffrance de la maladie, de l’association aux êtres qu’il n’aime pas et de la séparation de ceux qu’il aime, des cinq agrégats. Moha vient dans le sillage de rāga et dosa et pousse aux actes mauvais qui mènent à la misère.

❹ Māna. Les êtres sont victimes de leur vanité et s’enorgueillissent de ce qu’ils peuvent faire.

❺ Diṭṭhi. Cette flèche perce les êtres au travers des états mentaux. Ils s’attachent aux fausses croyances et accomplissent des actes néfastes les croyant bénéfiques, comme Purana Kassapa et cinq autres professeurs au temps du Buddha.

❻ Vicikicchā. Le Buddha était-il vraiment illuminé ? Le Dhamma aide-t-il vraiment à échapper aux enfers ? La moralité du Sangha est-elle vraiment pure ? L’observance de sīla est-elle vraiment utile ? Est-il nécessaire de noter les objets aux portes sensorielles ? Nous devons croire en l’utilité de cultiver les actes propices (kusala) et d’éviter les actes néfastes (akusala).

❼ Duccarita. On tue, vole, prend des intoxicants etc. en raison des autres flèches de la colère, de l’ignorance, etc. Ces actes entraînent des mauvaises renaissances.

Lorsque le yogi note à chaque instant, il se purifie des empêchements (cittavisuddhi). Il voit qu’il n’y a que deux choses : l’objet noté et l’esprit qui le sait. Il sait alors comment retirer la flèche de diṭṭhi (diṭṭhivisuddhi). Ensuite, il comprend encore plus distinctement, il capte l’intention avant l’acte. La flèche perçante du doute est retirée et l’est encore mieux lorsqu’il voit les apparitions et disparitions. Il comprend que l’enseignement du Buddha sur l’impermanence, la souffrance et le non-soi est vrai. Il réalise ensuite successivement les dix stades de connaissance vipassanā. Quand il atteint nibbāna, il comprend qu’il n’y a pas d’être, seulement nāma et rūpa. Micchādiṭṭhi, attadiṭṭhi et sakkāyadiṭṭhi sont éliminés. Dès ce moment, les autres kilesā peuvent être éliminés. Au stade d’anāgāmi, il se libère de kāmarāga et de byāpāda. Au stade d’arhat, de rūpa, arūparāga, māna et moha.

La compassion du Buddha ne fait pas de distinction. Elle est égale pour Rāhula et Devadatta. D’autres images que celles des flèches sont celles des êtres piégés dans un filet, qui dérivent dans le courant ou sont brûlés d’un feu incandescent.

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