Grande compassion : malheurs causés par le désir

Quand le Buddha parcourut le monde du regard, il vit que les êtres tentaient de s’approprier des possessions mondaines, s’attirant des misères physiques et mentales et en conçut une grande compassion. Au final on ne possède rien. On ne peut emporter dans nos existences futures que dāna, sīla et bhāvanā sous forme de potentiel kammique. Une heure de méditation permet d’accumuler beaucoup de bénéfices.

Les sotāpanna ont ainsi engrangé sept bénéfices : saddhā qui assure la prospérité des vies futures, sīla qui empêche une renaissance dans un plan de misère, suta, la connaissance, cāga, la charité ou générosité, hiri et ottappa qui vont nous protéger et paññā qui permet d’investiguer la réalité.

Le Buddha perçut également que les êtres n’étaient pas entièrement comblés et ne pouvaient trouver la satisfaction. Il en conçut une grande compassion. Les gens croient trouver la satisfaction en acquérant de nouvelles choses dont ils rêvent, comme une maison, mais ils en veulent souvent davantage. Même des gens très riches meurent insatisfaits. En pratiquant vipassanā, la patience et le contentement sont très utiles. Il faut rester toujours sur le même objet et chercher seulement à rendre la pratique continue. Le mécontentement est très présent car on attend toujours autre chose. Taṇhā nous rend esclaves, comme le feu qui brûle d’autant plus qu’il reçoit du combustible ou l’océan jamais saturé. Taṇhā est comme un méchant maître qui exploite son serviteur en l’épuisant à mort. Les êtres ordinaires tuent sur les ordres de taṇhā, comme Ajatasattu.

Le sotāpanna se libère des formes grossières de taṇhā susceptibles de l’entraîner dans les plans de misère. Le sakadāgāmi s’en libère un peu plus et l’anāgāmi se débarrasse complètement de kāmataṇhā. L’arhat se débarrasse de toute forme de taṇhā, y compris rūpa et arūpa taṇhā. Le Buddha conçut une grande compassion pour les êtres ordinaires surtout mais aussi pour les sekha.

Nous devons nous inspirer de la compassion du Buddha lorsque nous récitons attentivement « sabbe satta dukkha muccantu » le soir. « Puissent tous les êtres être libres de leur condition d’esclave de taṇhā et être libres des misères ». Partout nous voyons des êtres en détresse physique et mentale. Le mahāparitta aussi est une forme de karuṇabhāvanā : puissent tous les êtres souffrants être libres de la souffrance, les êtres frappés par la peur ou accablés de chagrin libres de la peur ou du chagrin.

Le Buddha perçut la façon dont les êtres sont percés de flèches. Ce mot pāḷi pourrait se traduire aussi par « pieu ». Il s’agit des sept akusala : rāga, dosa, moha, māna, diṭṭhi, vicikicchā et duccarita. Ceux qui en sont percés sont autant à plaindre qu’une personne percée d’une flèche dans la poitrine jusqu’à la colonne vertébrale. Pourtant les victimes de rāga en redemandent et recherchent ces plaisirs. En méditant le yogi se débarrasse des flèches une à une, aussi profondément enfoncées soient-elles.

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