Instructions : les quatre satipaṭṭhāna

Anupassanā ou vipassanā, c’est observer de façon pénétrante et ininterrompue le corps et l’esprit. Il y a quatre catégories d’objets à observer :

❶ Kāya : Il faut observer toutes les activités du corps, pas seulement l’abdomen. Il faut être attentifs au moment d’entrer dans la salle, de s’asseoir, de bouger ou de se lever, de se rendre au réfectoire ou de prendre son repas. Il faut observer chaque mouvement, si minime soit-il. Il faut pour cela ralentir l’allure. Le pratiquant de vipassanā doit être ātāpī, satima et sampajāna, (ardent, attentif et comprenant clairement). Si l’observation de l’abdomen pose un problème, nous pouvons observer l’air au niveau des narines. Au niveau de l’abdomen, nous observons une poussée de l’air qui provoque le mouvement et l’abaissement. Mais comme le policier qui contrôle tous les passagers à l’aéroport, nous devons observer tous les phénomènes aux portes des sens, sans interruption. Si nous voyons quelque chose en imagination ou si nous entendons quelque chose, il faut le noter, sans se mettre à réfléchir. Il faut prendre garde aux parfums au moment du repas, car le désir de manger peut nous rendre inattentifs.

❷ Vedanā : au début, nous ressentons surtout des sensations désagréables. Quand la concentration se développe, tôt ou tard des sensations agréables apparaissent et il faut éviter de s’y attacher. Il faut observer comme le policier qui ne fait aucune différence entre les passagers beaux et laids.

❸ Citta : Les ressentis désagréables sont inévitables, mais l’esprit est très sensible et réagit facilement avec de l’aversion ou du désir pour d’autres sensations. Noter ces réactions, c’est cittānupassanā. Comme un enfant toujours en quête de nouveaux jeux, l’esprit est très sauvage et il faut le dompter en se maintenant sur l’abdomen. Les douleurs sont l’indice d’une bonne méditation car l’esprit reste focalisé sur l’objet. Il faut se les concilier. Nous verrons qu’elles changent sans arrêt, diminuent, augmentent, se déplacent, se transforment. Comme les douleurs, le mouvement ne dure pas, il cesse. Il est aussi discontinu.  Nous comprenons leur impermanence (anicca), leur caractère incontrôlable (anatta) et oppressant (dukkha). Nous pratiquons dans le but de nous comprendre nous-même et la véritable nature de notre vie.

❹ Dhamma : je n’en ai pas parlé car il n’est pas possible de le pratiquer au début.

La marche attentive ressortit de kāyānupassanā. Il est préférable de marcher pieds nus pour bien ressentir les pieds. Il faut décomposer le pas en trois phases : lever, avancer, baisser. Nous ressentons les éléments : la dureté ou la douceur au contact du sol (terre), la légèreté (air), la chaleur ou le froid (feu), la fluidité ou la cohésion (eau). Le mouvement et le support sont les qualités de l’élément ‘air’. C’est l’air qui permet de maintenir les postures. Si nous pratiquons debout dix minutes et ressentons une grande raideur, c’est l’élément air, assisté du feu, qui nous permet de nous remettre en mouvement. Cette contemplation des éléments ressortit aussi de kāyānupassanā. Cette compréhension expérimentale directe et non intellectuelle, c’est la sagesse.

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