Instructions pour la retraite

L’attention constitue un outil puissant pour investiguer le corps et l’esprit. Si elle est suffisamment développée, nous connaîtrons le désenchantement par rapport à ce qui est conditionné. L’esprit inclinera et finalement plongera dans l’inconditionné, le nibbāna.

À l’assise, noter soulèvement et abaissement de l’abdomen, en maintenant une attention rapprochée du début à la fin du processus, afin d’en être pleinement conscient. Il n’est pas obligatoire de noter si la note interfère avec l’observation. Être conscient de l’élément air, non de la forme. Si l’esprit vagabonde, en être seulement conscient, ne pas se blâmer. Noter l’objet présent est le plus important : imaginations, sons, souvenirs, plans d’avenir. Si on oublie, noter seulement « oubli, oubli ». Ne rien ajouter de soi-même. Si on juge, noter « jugement », si on analyse, si l’attachement apparaît, le désir, la contrariété, la colère, le noter simplement. Les petites actions et mouvements doivent tous être notés méticuleusement, comme l’intention d’avaler, rassembler la salive, avaler, etc. Chatouillements, intention de gratter, raideurs, engourdissements, douleurs, etc. doivent être notés. Si une douleur ne disparaît pas, se montrer patient. Avec l’approfondissement de la concentration, elle peut disparaître. Éviter de s’identifier à ces sensations, être un observateur non impliqué. Noter aussi les sensations plaisantes si elles deviennent prédominantes. Éviter de noter plusieurs objets à la fois, sous peine de devenir agités. Éviter de nourrir des attentes, qui peuvent devenir des obstacles. Voir les distractions comme des amis, ne pas s’irriter de leur présence. Éviter d’alimenter de l’anxiété et être détendus.

À la marche, choisir une piste, noter le pas gauche, l’oscillation du centre de gravité, le pas droit. Observer les phases du pas. Au bout de la piste, noter « arrêt », « debout », « intention de tourner », « tourner ». Maintenir le regard baissé, les yeux mi-clos, mais si on regarde malgré tout, s’arrêter, noter « voir » et reprendre la marche. Trois stades de la marche : une, deux ou trois notes par pas. Avec l’approfondissement de la concentration, on ralentira. Mais ne pas forcer. Petit à petit, des événements qui nous échappaient autrefois nous apparaîtront.

D’une façon générale, on n’imagine rien, on ne cherche pas les objets. Dans les activités générales aussi il faut noter. Lorsque l’on mange, noter « voir la nourriture, prendre la cuiller, porter à la bouche, toucher, mâcher, avaler, goûter, etc. » Éviter de noter seulement au moment de la méditation formelle. Dès le réveil, noter. Au moment de se coucher, noter toutes les activités pour se préparer à aller au lit. Maintenir son attention sur l’abdomen au moment de s’endormir. Éviter les distractions comme parler. Si nous pénétrons la véritable nature des choses, nous serons très paisibles.

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