Instructions pour la retraite

Nous avons parlé hier de sīla, le premier des trois entraînements. Sīla doit être présent chez le yogi qui veut atteindre la paix. Sīla soutient la pratique à la façon d’un arbre fort qui donne de beaux fruits.

Aujourd’hui, nous parlerons du second entraînement: samādhi, la concentration. Dans les écritures, on instruit le pratiquant de se rendre dans un endroit paisible et de s’asseoir jambes croisées (pallaṅkaṁ ābhujitvā). Ce qui importe, c’est de trouver une posture qui permet de rester longtemps immobile. Il faut garder le dos droit sous peine de susciter des douleurs qui nous obligeront à ajuster sans cesse la posture. Si le corps n’est pas calme, l’esprit ne sera pas calme.

Le méditant place ensuite son esprit sur l’abdomen et quand il se soulève et s’abaisse, il le sait. Il ne faut pas forcer la respiration pour rendre le mouvement plus clair. Parfois le yogi voit le début du mouvement mais pas le milieu ou la fin. Parfois il voit le début et la fin mais pas le milieu. Il faut essayer de voir le mouvement entier. Alors qu’il note, des qualités naturelles deviennent apparentes, comme le mouvement, le support, des poussées, etc. Il faut l’observer. Au moment de l’entrevue avec le maître, il faut pouvoir indiquer dans quelle mesure on a pu observer l’objet primaire et, si on a pu l’observer, ce que l’on a remarqué. Cette pratique est appelée kāyānupassanā.

Si l’esprit part en pensée au travail ou à la maison, il faut noter « penser ». Si nous omettons de le faire et que, en pensée, nous rencontrons quelqu’un, nous lui parlons, peut-être même nous réjouissons en pensée de le voir, il faut, lorsque nous réalisons que nous avons été distrait, noter ce que l’esprit fait à ce moment précis: « rencontrer », « parler », « se réjouir », etc. Le contenu des pensées importe peu, il faut surtout noter l’acte en cours, ce que fait l’esprit. Cette pratique est appelée cittānupassanā. Au début de la retraite, nous aurons souvent affaire à ce type de processus. Au moment du rapport à l’entretien, il faut indiquer si nous sommes parvenus à noter ces pensées vagabondes et, si oui, dans quel délai, ce qui est advenu d’elles et si nous avons ensuite repris l’observation de l’abdomen.

Si des douleurs, des courbatures ou des engourdissements apparaissent, il faut placer l’attention sur l’endroit douloureux. Si nous changeons de posture, il ne sera pas facile d’obtenir la concentration. Si nous nous concentrons sur la douleur, nous connaîtrons sa nature et gagnerons la concentration suffisante pour la surmonter. Cette pratique est appelée vedanānupassanā.

Le quatrième satipaṭṭhāna est dhammānupassanā. Lorsque la vision, l’audition, l’olfaction, la gustation ou le toucher se produit, il faut le noter et puis revenir à l’objet primaire.

Pendant la méditation en marche, il faut placer l’esprit sur le mouvement des jambes. On commence par faire une note par pas: pas gauche, pas droit. Après 30 minutes, on peut ralentir l’allure et passer à deux notes par pas: lever, baisser. Le troisième stade consiste à faire trois notes par pas, mais nous le ferons plus tard dans la retraite. Pendant la marche, il importe de contrôler l’œil et de ne pas regarder de-ci de-là.  Par ailleurs, il importe de se concentrer sur le mouvement, pas sur la jambe. De cette façon, nous obtiendrons la concentration. Il n’est pas besoin de longues pistes de marche. Vingt ou vingt-cinq pas suffisent. Il n’est pas besoin d’être très lent. Au moment du rapport, il faut indiquer si nous avons pu observer le mouvement du début à la fin et, si oui, ce que nous avons vu. Au bout de la piste, il convient d’observer la station debout un certain temps.

Il faut aussi ralentir l’allure pendant les activités quotidiennes et noter « étendre, replier, manger, boire, ouvrir la porte, etc. » Nous devrions nous comporter comme une personne malade qui se déplace précautionneusement.