Intructions pour la retraite

Vipassanā est crucial pour se libérer de la ronde des renaissances. La concentration donne un outil puissant pour investiguer le corps et l‘esprit et comprendre la nature impermanente, insatisfaisante et impersonnelle des phénomènes. L’esprit du yogi va entrer dans un processus de désenchantement par rapport à ceux-ci et finalement plonger dans l’inconditionné.

On énumère sept bénéfices à la pratique : la purification de l’esprit, la victoire sur le chagrin et les lamentations en réalisant que tout est impersonnel, l’élimination de la souffrance physique et mentale et, finalement, l’atteinte de magga, un état d’esprit puissant capable d’éradiquer les kilesā. Personne n’aime la vieillesse, la maladie et la mort. Cette pratique permet de les surmonter.

Il faut s’efforcer d’observer le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen. Le commencement, le milieu et la fin du mouvement correspondent chaque fois à un esprit différent. Outre le corps, le yogi observe aussi l’esprit. S’il voit son esprit vagabonder, il note « vagabonder » sans se culpabiliser. S’il a des visions ou entend des bruits, il les note. Si sa note est précise, il peut comprendre leur impermanence. Si des souvenirs ou des projets lui viennent, s’il spécule, analyse ou juge, il doit noter, en se maintenant dans l’instant présent, simplement, sans interpréter. Il faut noter tous les mouvements comme « rassembler la salive », « avaler ». Il doit essayer de noter les intentions, comme celle de bouger, se monter patient. S’il ne peut s’empêcher de bouger, il note précisément chaque phase du mouvement. Il ne faut pas s’identifier aux sensations ou se les approprier. Les phénomènes apparaissent séparément l’un à la suite de l’autre. Ne pas noter plusieurs objets à la fois mais choisir l’objet prédominant.

À la marche, choisir une piste et faire d’abord une note par pas, puis deux, puis trois : « lever », « avancer », « baisser » et éventuellement aussi « basculer le poids du corps ». Arrivés au bout de la piste qu’on aura choisie, noter l’intention de tourner. Ne pas forcer le ralentissement, il viendra naturellement. Il faut se comporter comme une personne faible qui va lentement pour ne pas se faire mal, comme un aveugle en notant seulement « voir » mais sans regarder, comme un sourd, etc. Il faut aussi être attentif lorsqu’on entre ou sort de la salle, met ses chaussures, enlève sa veste, fait la vaisselle, va aux toilettes, etc. Il est très important de ne pas perdre l’attention pendant les repas en notant tout : « voir », « porter la nourriture à la bouche », « goûter », « mâcher », etc.

Au début on ne verra pas grand-chose mais il ne faut pas se décourager. Mahasi disait que le yogi ne devait noter continuellement et ne se reposer qu’au moment de dormir. On se couche en notant tous les mouvements et puis on observe l’abdomen en position couchée jusqu’à ce que le sommeil vienne. Le lendemain on prend note dès le réveil. Il faut observer aussi le noble silence.

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