Kāma sutta – échapper à la souffrance due aux plaisirs sensuels

Le Buddha pouvait voir le futur et sut que la récolte de ce brahmane fermier serait inondée par la crue de la rivière Acivarati. Le brahmane ressentit la première visite du Buddha comme un grand honneur, à la seconde, il promit au Buddha de lui offrir de son blé si la récolte était bonne, la veille de la récolte, il se réjouissait de la taille exceptionnelle des grains quand survint l’inondation. Il fut accablé de désespoir. Mais ces destructions par l’eau et le feu sont très fréquentes. En Birmanie, un industriel dont l’usine avait brûlé s’était exclamé : « riche au matin, démuni de tout le soir ». Les lokadhamma, ce sont les vicissitudes de l’existence : gain, perte, popularité, solitude, louange, blâme, bonheur, malheur. Ce brahmane était très riche et put s’en remettre, mais cette inondation affecta beaucoup de monde dont le sutta ne parle pas, y compris des gens plus pauvres qui furent totalement désespérés. À sa dernière visite au brahmane, le Buddha le consola en lui expliquant qu’il était naturel que les biens se développent lorsque les conditions sont favorables et se détruisent lorsqu’elles sont défavorables, qu’il est donc important de ne pas être transporté de joie quand les conditions sont bonnes ni déprimés lorsqu’elles ne le sont plus. Il se peut en effet que l’on retrouve les biens perdus. “kāmaṃ kāmayamānassa, tassa ce taṃ samijjhati. addhā pītimano hoti, laddhā macco yadicchatī”. Il est normal qu’une personne vivant sans le plan sensuel recherche les plaisirs sensuels et se réjouisse de les obtenir, qu’ils soient animés ou inanimés.

Il existe toutes sortes de désirs sensuels et de plaisirs associés. Ce qui réjouissait ce brahmane, c’étaient les récoltes abondantes.  D’autres sont heureux s’ils ont un partenaire ou des enfants. Les gens ordinaires souffriront d’autant plus qu’ils ont été heureux, parfois plus encore qu’ils ne l’ont été, comme le chevreuil touché par une flèche. Si le brahmane comprend les lois de la nature, il sera consolé. S’il prend conscience que son malheur n’est rien par rapport aux vies perdues par cette inondation, il sera encore plus consolé. S’il a connu cette très grande joie suivie aussitôt par un chagrin extrême, c’est qu’il n’avait pas réfléchi à cette loi de la nature.

Si on ne veut pas souffrir à cause des plaisirs sensuels, il faut les éviter : yo kāme parivajjeti, sappasseva padā siro. somaṃ visattikaṃ loke, sato samativattati. Il faut considérer ces plaisirs comme le serpent venimeux, être très attentifs à ne pas marcher sur sa tête. Cet enseignement est très approprié pour les moines et les yogis qui cherchent à échapper à la souffrance existentielle. Ils doivent échapper aux kilesā. Il est utile de pratiquer les méditations d’attention à la mort et au caractère repoussant du corps pour ne pas laisser pénétrer le désir ou élaborer des plans en vue d’obtenir des plaisirs sensuels.

Ce sutta s’adresse à des laïcs qui mènent une vie de famille. Pour les laïcs, il ne serait pas raisonnable d’éviter tous les plaisirs sensuels. Mais s’il ne leur est pas possible de devenir moine, ils devraient écouter le dhamma souvent, pratiquer la méditation et réfléchir régulièrement aux souffrances liées aux plaisirs sensoriels.

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