Kāma sutta – les quatre torrents et récapitulatif du sutta

L’anāgāmi a éradiqué le désir sensuel (kāmarāga), la malveillance (byāpāda), la colère ou la peur. Il n’expérimente plus ces états d’esprit. Mais il conçoit encore du désir pour les sphères de la forme subtile et du sans forme, de l’orgueil (māna), de l’agitation et est toujours habité d’une certaine ignorance (avijjā). Il continue donc la pratique et grâce à une prise de note constante, jour et nuit, sans prendre de pause, réalise le chemin et le fruit d’arhat (arahatta magga et phala) en surmontant les quatre torrents (kāmogha, bhāvogha, diṭṭhogha, and avijjhogha) susceptibles de l’emporter dans de nouveaux cycles de renaissance. L’attachement aux plaisirs sensuels nous amène à reprendre naissance dans les sphères inférieures, humaines ou célestes selon que l’on commet des actes déméritoires ou méritoires, nous obligeant à mourir encore et encore (kāmogha). Quant à l’anāgāmi, il reste attaché aux renaissances dans les plans de matière subtile ou immatériels et peut être emporté par le torrent du désir d’existence (bhāvogha). Le torrent des vues fausses (diṭṭhogha) peut nous entraîner dans les mondes inférieurs ou supérieurs, à l’exception des pures demeures (suddhavasa). Les puthujjana peuvent être temporairement délivrés lorsqu’ils méditent, quoique ce ne soit que pour de brefs moments même lorsqu’ils méditent. Ils se libèrent des vues fausses du soi, de l’éternité et de l’annihilation (atta diṭṭhi, sassata diṭṭhi et uccheda diṭṭhi).

Tout comme l’homme écopant sa barque avant de traverser le fleuve jusqu’à l’autre rive avec son embarcation allégée, le pratiquant se vide des pollutions mentales, allège les processus mentaux et traverse ainsi l’existence en direction du nibbāna. tasmā jantu sadā sato, kāmāni parivajjaye, te pahāya tare oghaṃ, nāvaṃ sitvā pāragū.

Le Buddha délivra ce sermon au couple de paysans brahmanes au moment approprié. Devant leur champ en ruine, le couple était en détresse. Il leur dit que les gens se réjouissaient lorsque leurs désirs sensuels étaient comblés (1ère stance) ce qu’ils avaient ressenti devant leur belle récolte. S’ils perdent néanmoins les plaisirs sensuels au milieu de l’allégresse, leur souffrance sera d’autant plus grande, c’est la même règle dans le monde entier (2ème stance). Afin d’éviter l’attachement, il faut rejeter les plaisirs sensuels comme un serpent venimeux (3èms stance). Si nous nous y attachons au contraire, nous serons submergés et tourmentés par les pollutions mentales, même les plus faibles (4ème stance). Une personne qui s’attache aux plaisirs sensuels entraînera toujours la souffrance dans son sillage, comme une barque percée (5ème stance). À ce stade, le couple de brahmane qui l’écoute conçoit le désir d’être libéré. Le Buddha donne ensuite la méthode : éviter et abandonner entièrement les pollutions mentales, la sensualité et les objets des plaisirs sensoriels en pratiquant l’attention (dernières stances). Après l’avoir écouté, le couple de brahmanes comprit le Dhamma clairement. Le Buddha leur demanda de pratiquer et ils devinrent sotāpanna.

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