kāma sutta – métaphores des plaisirs sensuels (suite et fin)

La neuvième métaphore reprise dans plusieurs sutta (qu’on retrouve dans le commentaire du kāma sutta) compare les plaisirs sensuels à la pointe d’une lance : sattisūlūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo. Ceux que des voleurs armés s’apprêtent à frapper d’un couteau, ou les criminels que les rois d’autrefois allaient empaler, étaient pris de panique. Les plaisirs sensuels sont tout autant effrayants et ceux qui sont sous leur emprise ne sont plus capables de les rejeter, comme les jeunes amants que les parents tentent en vain de raisonner mais qui se fient sans retenue à l’amour.

La dixième métaphore les compare à la tête d’un serpent : sappasirūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo. Le kāma sutta aussi affirme à la troisième stance que les plaisirs sensuels devraient être évités comme on évite de marcher sur la tête d’un serpent : yo kāme parivajjeti, sappasseva padā siro.

La dernière métaphore les compare à un brasier qui peut nous brûler si l’on s’approche trop : aggikkhandhūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo. Les termites volants s’y précipitent aveuglément et meurent. À 29 ans, Siddhāttha a vu un vieillard, un malade, un mort et un moine. Il fût désenchanté du monde, et sa femme Yasodharā, son fils Rāhula et les belles danseuses du palais qui lui apparaissaient comme du feu.

Le yogi doit méditer ces onze métaphores. Comment éviter les plaisirs sensuels ? Le commentaire (Niddesa) du kāma sutta explique la phrase : tasmā jantu sadā sato comme suit : il faut éviter les plaisirs sensuels en tout temps, être attentifs avant midi et après midi (purebhattaṃ pacchābhattaṃ),  pendant la première veille de la nuit, la médiane et la dernière (purimayāmaṃ majjhimayāmaṃ pacchimayāmaṃ), pendant les phases ascendantes et descendantes du mois lunaire, pendant la saison des pluies, la saison sèche et l’hiver, au cours de la première phase de la vie (jusqu’à 30 ans), la seconde (entre 31 et 60 ans) et la dernière (entre 61 et 90 ans), jusqu’à ce qu’on se débarrasse de l’attachement. Il ne faudrait pas se limiter à un seul moment, une seule séance de méditation ou une seule retraite, mais pratiquer tout le temps. Chaque action corporelle, chaque ressenti, chaque pensée et chaque phénomène devrait faire l’objet de notre attention (quatre établissements de l’attention). Au début, il faut se concentrer sur quelques actions distinctes, le soulèvement et l’abaissement, l’extension et le repli du bras, etc. de façon continue, car il n’est pas possible d’être attentif directement à tous les objets. Si l’esprit se porte sur les objets sensuels, il faut le noter (cittānupassanā), afin de se purifier des pollutions mentales. Lorsque nous observons l’audition, il y a seulement deux objets : la conscience du son et le son. C’est dhammānupassanā.

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