Kāma sutta – métaphores des plaisirs sensuels (suite)

La troisième métaphore compare les plaisirs sensuels à une torche en paille. Dans l’ancien temps, on utilisait des faisceaux de bambous pour s’éclairer la nuit, mais parfois aussi un ballot de paille. Ceux-ci brûlaient très vite et, avec le vent, pouvaient brûler celui qui le portait s’il ne le lâchait de suite. Ainsi, l’homme sage devrait abandonner les plaisirs sensuels. Tiṇukkūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo.

La quatrième les compare à un trou de 250 mètres de large empli de braises jusqu’au bord, vers lequel deux hommes forts traineraient une victime effarée. Ainsi, les plaisirs sensuels sont effrayants et il faudrait se démener pour y échapper. Aṅgārakāsūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo.

La cinquième les compare à un rêve qu’on croit réel jusqu’au réveil. Les plaisirs sensuels aussi paraissent réels, mais en réalité, leur poursuite amène plus de souffrance que de plaisir et ce plaisir n’existe qu’un très bref instant. Ainsi, il faut travailler beaucoup pour préparer une nourriture délicieuse, et le goût sur la langue n’existe plus une fois la nourriture avalée, comme pour un rêve. Lorsque nous voyons, entendons, goûtons, sentons, touchons ou savons, il y a rencontre avec l’objet, expérimentation de celui-ci et puis séparation. Il est important que nous nous remémorions la nature de la vie. Supinakūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo.

La sixième les compare à des biens empruntés lors de fêtes spéciales afin d’être beaux et resplendissants: de la vaisselle, des bijoux, des vêtements. Ces biens doivent être retournés à leur propriétaire après la fête. De la même façon, on ne profite des biens inanimés ou animés que nous possédons: voitures, maisons, terres, argent, compagnons, maris, femmes, etc. qu’un court moment avant de devoir les rendre. Ceux qui pensent « ceci est ma voiture, ma femme, etc », ressentent une joie extrême, mais souffrent pour trouver ces biens ou sont humiliés si on les force à les rendre. Ces plaisirs nous accablent si des circonstances imprévues nous en séparent comme le feu, les inondations, les bandits ou les administrateurs chaotiques. Finalement, nous devrons laisser ces biens, y compris notre corps, à notre mort. Il est bon de se remémorer la phrase de l’anattālakkhaṇa sutta: n·etaṃ mama, n·eso·ham·asmi, na m·eso attā. Ceci n’est pas le mien, je ne suis pas ceci, ceci n’est pas moi. yācitakūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo.

La septième les compare à des fruits qu’un homme irait chercher au haut d’un arbre, alors qu’un autre homme s’apprête à abattre l’arbre pour les mêmes fruits, négligeant, par avidité, de redescendre l’arbre en grande hâte. Ces fruits sont donc susceptibles de briser nos membres ou notre vie si nous nous y attachons.  Dans les écritures, on voit des princes assassiner leur père pour s’emparer du pouvoir. Aujourd’hui, des amants assassinent les maris pour s’emparer des femmes. rukkhaphalūpamā kāmā bahudukkhā bahupāyāsā, ādīnavo ettha bhiyyo

La huitième les compare à l’épée et au billot de l’abattoir. (asisūna) Les criminels que l’on exécute dans certains pays souffrent d’une peur immense. Ils sont condamnés pour les mauvaises actions qu’ils ont commises en raison de la recherche de plaisirs sensuels.

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