Kāma sutta – personnes libérées du désir sensuel dans les écritures

Nous pratiquons ici la contemplation du corps, des ressentis, de l’esprit et de la nature (dhamma). Nous notons « soulever, baisser, assis, replier, étendre, lever, avancer, baisser, debout, etc. ». Basée sur sati, la compréhension intellectuelle émerge et prépare le cœur pour le voyage contemplatif qui nous mènera du chagrin à la libération. À chaque prise de note, les pensées polluantes sont éliminées. Lorsque la contemplation mûrit, on expérimente les apparitions et disparitions nouvelles et successives de l’esprit et de l’objet. Leur nature impermanente, insatisfaisante et incontrôlable nous apparaît. La douleur aussi disparaît en même temps que l’esprit qui la note et les pollutions mentales liées aux ressentis ne peuvent apparaître. Les kilesā procèdent de l’attachement à l’objet vu comme permanent, plaisant et relevant du « soi ». Lorsque l’on voit la vraie nature, ils sont donc éradiqués.

Lorsque l’on expérimentera la cessation de la matière et du mental (nāma rūpa) conditionnants, on expérimentera nibbāna. Le sotāpanna a éradiqué les pollutions mentales fortes qui mènent aux états de misère (apāya). Un véritable sotāpanna sera moralement pur et incapable de tuer, de voler ou de mentir dans le but de jouir des plaisirs des sens. Exemple (dhammapada 21-3) de la reine Sāmāvatī à qui le roi avait demandé de tuer un coq à l’instigation de la reine Māgandiyā et qui refusa de le faire, même si elle savait qu’elle risquait la mort et exemple de la servante Khujjuttarā qui admit avoir volé l’argent pour les fleurs avant de devenir sotāpanna et était prête à mourir s’il le fallait plutôt que de mentir. Un sotāpanna néanmoins a toujours des kilesā subtils.

Un anāgāmi en revanche a éliminé toute forme d’attachement aux plaisirs des sens, ce qu’illustre l’histoire de Visākha, homme riche devenu d’abord sotāpanna alors qu’il écoutait un sermon du Buddha à Rājagaha, et qui avait l’habitude de sourire à sa femme Dhammadinnā lorsqu’il revenait chez lui, trahissant un attachement sensuel. Lorsqu’il devint anāgāmi cependant, il cessa de chercher sa femme du regard, de la saluer, d’accepter sa main. Il n’invita pas sa femme à table, ne loua pas la nourriture et garda le silence. Il lui expliqua ensuite qu’il avait compris le Dhamma et lui offrit de retourner chez ses parents en emportant ses propriétés si elle le souhaitait ou de rester chez lui pour qu’ils veillent l’un sur l’autre. L’histoire d’Oga (?), homme riche de Vesali, illustre aussi cela. Il avait quatre femmes. Lorsqu’il devint anāgāmi, il leur expliqua qu’il observerait désormais l’abstinence sexuelle (brahmacariya pañcasīla) et leur offrit de rester en poursuivant une relation de frère et sœur ou de rentrer chez leurs parents ou d’épouser quelqu’un d’autre. L’aînée des femmes opta pour cette dernière solution.

Tasmā jantu sadā sato, kāmāni parivajjaye. Vatthu kāma kilesa kāma. Une personne vigilante se dégage donc des plaisirs sensuels. Tant les objets de la sensualité (vatthu kāma) que l’attachement et la recherche de ceux-ci (kilesa kāma) sont donc écartés par la contemplation des 4 satipaṭṭhāna.

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