Kamma et responsabilité individuelle

Todeyya est donc mort millionnaire mais était tant attaché à ses richesses qu’il renaquît comme chien dans sa propre maison. Son fils Subha, insulté par les paroles du Buddha, voulut tout de même vérifier s’il disait vrai. Le Buddha lui conseilla de demander au chien où était caché le trésor caché qui figurait sur la liste des propriétés transmises mais que personne ne parvenait à retrouver. Ce trésor contenait un collier, des sandales et un vase en or, chacun d’une valeur de cent lakhs (100 x 100.000 unités d’argent) ainsi qu’un lakh en espèces. Le chien se sentit découvert et dévoila la cachette ce qui eût pour effet de grandir la foi de Subha en le Buddha.

Il est naturel de na pas croire d’emblée aux concepts des autres religions. Certains croient en l’annihilation après la mort (uccheda diṭṭhi), mais cette croyance n’est pas basée sur l’expérience. D’autres pensent que des circonstances favorables peuvent les amener à renaître comme deva, comme animal ou comme être humain et que certains ont une vision ou une audition supranormale qui leur permet de le savoir. Selon le bouddhisme, tant qu’il y a attachement, le processus psychophysique se poursuit d’une vie à l’autre. On dit qu’un humain devient un deva, qu’un animal devient humain, etc., mais en réalité il ne s’agit jamais que de la poursuite d’un processus psychophysique. Si taṇhā, le moteur, est interrompu, le processus cesse à la mort, c’est le parinibbāna. Le Buddha l’a su sur la base de sa propre expérience et Subha, qui n’a pas de préjugé, a été en mesure de l’accepter.

Subha demanda au Buddha la cause de l’inégalité entre les humains : pourquoi certains ont-ils une vie courte et un entourage réduit et d’autres une vie longue et beaucoup de serviteurs, pourquoi certains sont-ils malades, laids, pauvres, mal nés ou peu intelligents et d’autres sont-ils robustes, beaux, riches, bien nés et très intelligents ? Parfois, même des frères jumeaux connaissent une destinée très différente et ne reçoivent pas les mêmes opportunités dans la vie. Le Buddha répondit que les êtres avaient seulement leur kamma comme véritable possession (kammassaka sattā). Les objets extérieurs, or, argent, maisons, propriétés, restent en notre possession tant qu’ils sont entre nos mains. Quoi qu’il en soit, il faudra les abandonner à notre mort. Les actions accomplies par contre, les transactions commerciales, les actes méritoires comme dāna, sīla et bhāvanā et les actes déméritoires comme tuer ou voler, ne concernent pas les autres mais seulement nous-mêmes. Nous recueillerons les bénéfices et les misères correspondants au degré d’effort déployés pour accomplir ces actions. Le bonheur et le malheur ne sont pas le fruit du hasard mais sont dus au kamma. Nous héritons de nos actes (kammādāyādā). Les actes bons et mauvais amènent des résultats dans cette vie même. Nous devons comprendre la loi du kamma qui renforce notre sens de la responsabilité individuelle. La méditation est le meilleur kamma. Elle permet de purifier notre esprit d’instant en instant.

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