La claire compréhension au moment de regarder

❶ Avant de regarder vers l’Est ou d’autres directions, Ānanda s’assure qu’il est bénéfique de le faire et, s’il le fait, prie de n’être pas envahi d’états négatifs. Nous devons faire comme lui.

❷ Une action peut être bénéfique sans être appropriée. Même contempler un temple ou des reliques n’est pas approprié s’il y a une foule ou une fête.

❸ La claire compréhension du domaine en rapport au regard, c’est ne pas interrompre la méditation quand nous regardons. Le méditant vipassanā doit noter le flux d’objet au moment où ils apparaissent, les observant par exemple sous l’aspect des bases ou des éléments, y compris les objets visuels. Il ne doit pas revenir à l’objet habituel comme le méditant samatha. Ce dernier fixe son attention sur un objet, comme un disque coloré, et s’il veut regarder ailleurs, il le fait à la manière d’une vache qui broute tout en gardant un œil sur son veau.

❹ La compréhension de la non-illusion, c’est comprendre qu’il n’y a pas d’entité permanente qui contrôle la vision : l’intention de voir provoque la diffusion de l’élément air, l’intimation corporelle est donnée aux paupières de s’écarter, la vision se produit et la conscience visuelle apparaît.

Le commentaire commente trois façons décrites dans l’Abhidhamma de pratiquer cette claire compréhension :

① Comprendre de façon précise le processus de conscience des cinq portes sensorielles (la racine). Ce processus comporte 17 moments de conscience qui se succèdent à toute allure. Avant de voir, l’esprit est paisible et passif, mais un objet visuel heurte la rétine et la conscience passive (bhavaṅga) tremble deux fois. La première conscience active se tourne vers l’objet, la seconde est la conscience visuelle proprement dite, puis viennent la conscience de réception, d’investigation (qui sonde l’objet) et de détermination (bon ou mauvais). Les sept consciences javana (rapides) expérimentent vraiment l’objet et les deux consciences d’enregistrement clôturent le processus. Les javana sont par définition bénéfiques ou néfastes (kusala ou akusala), mais ils ne le sont que faiblement pendant ce premier processus sensoriel. Ils le deviennent beaucoup plus au cours des trois processus mentaux qui lui succèdent.

② Comprendre par référence à l’objet visible (la cause). L’objet qui heurte l’œil fait vibrer la conscience passive. Huit moments de conscience fonctionnelle ou résultante suivent qui ne produisent pas de kamma et prennent l’objet comme habitat. Les javana apparaissent, eux aussi, comme des invités dans cet habitat, mais ils ont des racines positives ou négatives et peuvent produire du kamma. En tant qu’invités toutefois, ils ne peuvent pas encore grand-chose.

③ Comprendre selon le déroulement. Les moments de conscience apparaissent et disparaissent sans se superposer. Il serait inapproprié pour quelqu’un qui entre dans une maison où quelqu’un vient de mourir de chanter ou de danser, car il est, lui aussi, mortel. Leur puissance est insuffisante pour que colère ou ignorance se manifestent déjà.

Selon le commentaire, il est aussi possible de pratiquer la claire compréhension de la non-illusion selon les agrégats (qui voit ? Ce sont les cinq agrégats.) ; les bases ; les éléments ou les causes.

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