La claire compréhension de non-illusion par rapport à la vision

Le quatrième type de claire compréhension, celle de la non-illusion, peut être compris de quatre façons selon le commentaire : le processus de la vision par exemple peut être compris selon les cinq agrégats (de la matière (l’œil et l’objet visuel), de la conscience visuelle, des ressentis, de la perception et des formations mentales (autres concomitants mentaux)), selon les 12 bases (visuelle, de la forme, de l’esprit et des dhamma), selon le 18 éléments (oculaire, de forme, de conscience visuelle et de dhamma) et selon les conditions (de support (l’œil), d’objet, de proximité (la conscience précédente), de fort support (la lumière) et de connaissance). Lorsque l’on perçoit de cette façon, on comprend qu’il n’y pas de « je » lorsque la vision frontale ou latérale se produit.

Si on ne connaît pas l’Abhidhamma, on ne sera pas en mesure de voir tout ça, ce qui ne veut pas dire que l’on fait fausse route : on peut être conscient de ces choses malgré tout. On dit par ailleurs que des millions de consciences se produisent en l’espace d’un éclair, et que seuls les buddhā sont en mesure de les percevoir toutes. Il ne faut pas penser et seulement observer, surtout au début. Aux stades avancés, on peut se permettre de penser un peu. En fait, le stade vipassanā appelé connaissance de la compréhension se caractérise par une forme de réflexion mais elle se base sur la vision directe : on infère l’impermanence des phénomènes passés et futurs de l’impermanence des phénomènes présents.

Au moment de fléchir ou d’étendre les membres aussi il faut exercer la claire compréhension : ① On ne le fait que si c’est bénéfique. Nous pratiquons la voie du milieu, si la douleur est telle qu’elle empêche la pratique, il faut bouger, mais on ne bouge pas tout de suite. ② Le lieu et le moment sont-ils opportuns ? Les écritures relatent les malheurs de moines ayant étendu ou replié leur bras ou leur jambe au mauvais moment, qui touchant une femme par inadvertance, qui se brûlant le pied jusqu’à l’os ou qui se faisant mordre par un serpent. ③ la claire compréhension du domaine renvoie à la méditation. Un moine ancien qui parlait à ses élèves avait un jour étendu et replié vivement son bras, avant de le faire une seconde fois plus lentement. Distrait, il avait oublié d’être vigilant alors qu’il ne quittait à l’ordinaire jamais son domaine de l’attention. ④ La non-illusion enfin signifie la compréhension que l’extension du bras n’est rien de plus que la diffusion d’un processus d’oscillation. C’est la diffusion de l’air qui cause l’extension comme une marionnette tirée par des fils. Il n’y a pas d’individu, seulement une intention suivie d’une action. Lorsque la claire compréhension du domaine atteint la maturité, celle de la non-illusion se manifeste. Lorsque l’intention, le mouvement et la conscience de celui-ci nous apparaissent distinctement tous les trois, nous aurons mené la claire compréhension de la flexion du bras à sa perfection.

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