La croyance au Kamma, cause proche de l’équanimité

La connaissance du Kamma comme notre seule possession (kammassakatasammādiṭṭhi) est la cause proche d’upekkhā. Le cūḷakammavibhaṅga sutta (uparipaṇṇāsa pāḷi) peut nous aider à développer cette connaissance.

À l’époque du Buddha, le brahmane Todeyya, astrologue à la cour du Roi du Kosala à Sāvaṭṭhi, était immensément riche mais très radin. Il possédait 87 crores (dix millions d’unités de monnaie) mais instruisait à son fils, le garçon Subha (dignité), de ne jamais se livrer à la charité. Comme le collyrium, pierre réduite en poudre pour teindre les cils, la fortune diminuerait graduellement jusqu’à disparaître entièrement si on la dépensait en charité. Comme les fourmis blanches construisant la fourmilière ou les abeilles amassant le miel, il faut accumuler une fortune centime par centime, la mettre en sûreté et ne jamais la dépenser.

Le Buddha était alors entouré de disciples pratiquant intensément la moralité, la charité et les quatre satipaṭṭhāna pour se libérer de la convoitise et du mécontentement. Une telle époque exceptionnelle où l’on peut pratiquer dāna, sīla et bhāvanā est rare et pourtant Todeyya, aveuglé par les vues fausses des brahmanes, ne comprenait pas l’enseignement du Buddha, n’offrait pas même une cuillerée de riz bouilli et utilisait le mot ‘bho’ pour s’adresser au Buddha, comme un égal ou un subalterne. Cela causa sa renaissance dans l’utérus d’une chienne dans sa propre maison. Une fois né, son fils Subha s’attacha fort au chiot qu’il ignorait être son père et le gâta. Selon les écritures nous nous attachons d’autant plus aux personnes côtoyées dans une vie précédente que nous étions proches, comme le lotus qui pousse tant qu’il est entouré d’eau. Cet amour est plus fort encore si des actes méritoires ont été accomplis ensemble. On peut constater en effet que rendre service à quelqu’un nous rend cher à ses yeux.

Le matin, le Buddha balaya le monde de son regard omniscient sur base de mahākaruṇāsamāpatti, cherchant une personne mûre capable d’accepter le Dhamma, et Subha lui apparût. S’arrêtant devant sa maison, il sermonna le chien qui aboyait : « hé Todeyya ! Tu as repris naissance comme chien pour m’avoir manqué de respect et risque à présent de renaître en enfer. » Le chien se sentit reconnu et se coucha piteusement sur les cendres de l’âtre, refusant le divan auquel il était habitué. Mais Subha était persuadé que son père avait repris naissance dans les plans de Brahmā, comme les pieux brahmanes. C’est ainsi que le général Mahādatta avait effectué des sacrifices très onéreux pour s’assurer une bonne renaissance mais eût des visions de l’enfer sur son lit de mort. Les brahmanes présents lui assurant qu’il s’agissait de Brahmaloka, il se focalisa sur ce signe (nimitta) et atterrit en enfer, ce qui montre le danger des concepts religieux erronés. Tuer est un acte mauvais et se le remémorer aussi.

Lorsque nous développons upekkhā, nous devons nous souvenir de l’enseignement relatif au kamma qui nous incite à nous fier à nos propres forces et non à une aide extérieure. Nous sommes les architectes de nos vies. Le bonheur ou le malheur est le fruit de notre kamma. Cette croyance est un prérequis pour notre pratique. Parmi les bonnes actions, la méditation est la plus profitable.

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