La grande compassion des buddhā

Des sentiments de compassion universelle apparaissent chez les buddhā omniscients qui voient toutes sortes de souffrances affecter les êtres. Ils voient que les êtres doivent s’inquiéter constamment pour leurs moyens d’existence. Au plus il y a des pollutions mentales (kilesā) au plus ils doivent lutter.

Tous les êtres sont en outre inéluctablement menés vers la vieillesse, la maladie et la mort par leurs agrégats. Les yogis qui observent les six portes des sens à chaque instant peuvent voir que chaque seconde nous rapproche de la mort, comme un bœuf qui se débat en vain alors qu’on le mène à l’abattoir. Si les yogis perçoivent en particulier les esprits qui se succèdent à grande vitesse, les apparitions qui subissent une grande accélération, ils peuvent réaliser que chaque instant nous rapproche de la mort. Au stade de bhaṅgañāṇa, le yogi voit l’objet et l’esprit qui le note se dissoudre de façon continue, comme les perles d’un rosaire que l’on égrène. Une conscience visuelle succède à une conscience auditive, etc., à grande vitesse. Les personnes ordinaires peuvent imaginer et visualiser cela. La plupart des gens, qu’ils soient héros ou dictateurs, meurent vers 70 ans. Il nous faut y réfléchir, ainsi pratiquons-nous l’attention à l’impermanence et à la mort simultanément et ces réalités nous apparaîtront clairement. Tous les êtres sont engagés sur ce dangereux chemin et nous pouvons développer une compassion de haute qualité, similaire à celle du Buddha, en souhaitant qu’ils puissent échapper à cette misère.

Les êtres ont diverses souffrances : échec professionnel, séparations, perte des êtres chers, etc. et ils n’ont personne pour veiller sur eux et les protéger (atāṇo loko anabhissaro). Le roi Korabya ne comprenait pas cette assertion étant donné les nombreuses armées dont disposait le royaume et demanda des explications au vénérable Raṭṭhapāla. Ce dernier lui demanda s’il n’a vait jamais été démuni face à la maladie. Le roi admit qu’il ne pouvait alors compter que sur ses maigres forces et que ses proches ne pouvaient rien pour lui. Tout comme la maladie, le vieillissement ne peut se partager. Personne ne peut non plus empêcher la chute des êtres vers les plans de misère après leur mort en fonction des actes accomplis. Si les buddhā sauvent tous les êtres, c’est uniquement en indiquant la voie, mais ils ne peuvent nous libérer à notre place (akkhātaro tathāgatā). La méthode juste ne peut être connue que si un Buddha apparaît dans le monde, sinon les êtres sont condamnés à errer dans le saṃsāra. À l’instar du Buddha, nous devons développer une grande compassion.

Le Buddha a vu que les êtres ne possédaient rien en propre, même s’il est conventionnellement admis que chacun possède ne fût-ce qu’un petit quelque chose. En réalité, tant que ces biens ne sont pas détruits ou volés, ils restent en notre possession, mais leur perte est inévitable à terme. La santé mène à la maladie, la jeunesse au vieillissement et nous devrons perdre nos amis. Vivre c’est mourir.

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