La méditation en marche

Idha bhikkhave, bhikkhu gacchanto vā ‘gacchāmī’ti pajānāti, ṭhito vā ‘ṭhitomhī’ti pajānāti, nisinno vā ‘nisinnomhī’ti pajānāti, sayāno vā ‘sayānomhī’ti pajānāti. Lorsque le bhikkhu va, se tient debout, assis ou couché, il sait : ‘je vais, suis debout, assis ou couché’.

Il faut essayer de mettre ces instructions en pratique.

À la marche, trouver une piste ni trop longue pour ne pas perdre l’attention, ni trop courte pour ne pas avoir la tête qui tourne, mais d’environ 10 mètres. Garder le dos bien droit, ne pas pencher la tête mais maintenir le regard vers le bas pour éviter les distractions. Ne pas balancer les mains. Porter l’attention aux pieds. Faire d’abord une note par pas : « pas gauche, pas droit ». Synchroniser prise de conscience du mouvement et mouvement. Noter sans interruption jusqu’au bout de la piste, puis noter ‘debout’, sans se précipiter, puis ‘tourner’, très attentivement, puis à nouveau ‘debout’. L’étiquetage n’est pas important mais ce qui compte, c’est de comprendre la nature de la marche, ce qui ne devient possible qu’une fois l’esprit stabilisé.

Pour certains, la compréhension viendra rapidement et pour d’autres, lentement. Sans pratiquer, nous n’avons même pas conscience des distractions quand nous entendons, voyons, etc. Il est indispensable de déployer l’énergie physique et mentale (ātāpa), se déterminer à observer sans interruption jusqu’au bout de la piste. L’intention (chanda) doit être forte. L’étiquetage est recommandé même pour les méditants expérimentés. Peu à peu, l’esprit pourra suivre attentivement le mouvement et adhérer à l’objet. Le yogi ne sera plus emporté par les pensées, y compris à l’assise. Il se peut que le yogi se plaigne à l’entretien de ne plus parvenir à noter et que l’instructeur réalise que la note n’est plus nécessaire à ce stade.

Le but est d’expérimenter l’impermanence, la souffrance et le non-soi (anicca, dukkha, anatta). Tous les objets aux six portes des sens doivent être notés. La méditation ne se limite pas à ressentir des sensations. Les sensations elles-mêmes doivent être vues selon leur véritable nature. Il ne faut rien espérer ou attendre, seulement être attentif. La compréhension ne va pas émerger tout de suite, en raison des cinq empêchements (kāmacchanda, byāpāda, thīna-middha, uddhacca-kukkucca, vicikicchā) qui rendent l’esprit brumeux. Mais si l’esprit reste rivé à l’objet, il devient possible d’expérimenter quelque chose à la marche, par exemple une sensation de toucher avec le sol, ou bien au moment où l’on se tient debout ou lorsque l’on tourne.

Les êtres ordinaires pensent avoir été créés, être les possesseurs de leur corps, mais en réalité il n’y a lors de chaque contact aux six portes des sens que la matière et l’esprit. Il faut l’attention ininterrompue (satimā) pour que la claire compréhension (sampajañña) émerge, naturellement. Quand nous réaliserons l’enseignement du Buddha, notre confiance sera renforcée. C’est une connaissance issue de la pratique (bhāvanāmayañāṇa) et non issue de l’étude (sutamayañāṇa) ou de la réflexion (cintāmayañāṇa).

La posture couchée n’est pas recommandée aux débutants, car elle ne permet pas de développer l’énergie (viriya).

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