La méditation en marche (fin)

Les trois types de connaissance : étude, réflexion et pratique, sont nécessaires. Il faut une dose de compréhension intellectuelle de l’enseignement du Buddha avant de commencer, afin d’être intéressé à la pratique. Petit à petit, nous verrons que tout ce qui entre par les six portes des sens est impermanent, insatisfaisant et impersonnel. Les yogis emmènent l’attention avec eux toute la journée et réalisent que tout change. Ils voient alors automatiquement les deux autres caractéristiques de la souffrance et du non-soi.

À la marche, il ne faut pas regarder de ci de là. Il faut être déterminé à noter chaque pas. Nous verrons alors les pensées qui nous distraient, mais il ne faut pas les voir comme un empêchement, nous commençons en réalité à comprendre la nature de l’esprit. Au plus nous noterons, au plus nous verrons l’esprit. Lorsque nous serons parvenus à faire une longueur de piste sans penser, la confiance va se renforcer : « je suis capable de tranquilliser l’esprit ».

Au début, la compréhension reste imprécise, mais elle se renforce. Il ne faut pas brûler les étapes. Le yogi sent spontanément que son pied avance, le contact avec le sol, la dureté, la douceur, etc. sans rechercher ces sensations. Il est désormais capable d’une forte énergie mentale et physique, il ne s’ennuie plus. Le concept reste encore présent à côté de ces sensations pures : il continue à penser « mon pied », « c’est moi qui note », etc.

Il y a des méditants brillants, moyens et lents. Les premiers voient très clairement qu’il n’y a que l’esprit qui note et l’objet noté. À ce stade, le yogi désire voir plus à fond et ne veut pas interrompre sa pratique.

Si le professeur estime que le yogi parvient effectivement à suivre chaque pas, il peut lui demander de faire deux notes par pas : lever, abaisser. Il observe le mouvement du début à la fin, pas superficiellement. Ce yogi est très patient et s’isole, il prend son temps pour observer la station debout, la rotation et tous les changements qui s’opèrent. Il n’y a pas d’instruction par rapport au degré de lenteur à adopter, mais le Buddha a dit de se comporter comme un invalide. Le yogi voit l’élévation du pied comme une succession de très petits mouvements segmentés. Ce yogi dispose de sampajañña, c’est-à-dire la capacité à maintenir l’attention sur l’objet du début à la fin et à voir clairement et à fond.

Lorsqu’il fait une note par pas, le yogi comprend qu’il n’y a que l’esprit et la matière. Lorsqu’il fait deux notes par pas, le yogi brillant verra spontanément l’intention avant de lever ou baisser le pied. Les autres yogis peuvent s’entraîner à noter l’intention avant de lever le pied, même s’ils ne la voient pas encore. Ils commencent à voir les causes et les effets. Le yogi à alors l’impression que le temps passe très vite. C’est le moment de passer à trois notes par pas.

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