La méditation en marche (suite)

Il faut commencer la méditation en marche doucement, à son aise, confortablement, sans se presser, en faisant seulement une note par pas. Ainsi nous ne nous fatiguerons pas, nous générerons l’attention étape par étape. De toute façon, nous consacrons la journée entière à être attentif.

La méditation en marche est très importante et permet l’émergence d’un type particulier de compréhension. Il est possible d’atteindre la libération à la marche. Il faudrait la pratiquer respectueusement et pas pour se relaxer après l’assise. Le Bouddha a instruit : gacchanto va gacchāmi ti pajanāti. Les mouvements d’un yogi attentif sont doux.

Il y a cinq bénéfices à la marche attentive: elle permet de longues marches grâce à l’énergie générée, elle procure la forme physique, elle élimine et prévient les maladies, elle aide la digestion et elle permet de prolonger la concentration.

Il faut pratiquer une heure entière. Lorsque nous pourrons suivre les pas de près, nous aurons la confiance et ne serons pas fatigués. Il ne faut pas forcer, l’intention de passer de 1 note par pas à deux puis trois dépend de saddhā et viendra naturellement avec l’attention. Une fois l’attention bien établie, nous verrons les nombreux segments de chaque phase du pas, sans chercher ou vérifier quoi que ce soit. Si l’on est attentif, la compréhension vient automatiquement.

Lorsque la prise de note est puissante, les kilesā sont absents, certains yogis expérimentent la lumière, l’esprit clair et pur, apaisé. Ils peuvent voir le mouvement très clairement. Lorsque l’esprit s’absorbe dans l’objet, l’esprit est très léger, ce sont les pollutions mentales qui l’alourdissent. Le corps aussi est léger, comme si nous marchions dans les airs. Nous pourrions par exemple avoir l’impression que le pied avance tout seul et trop vite. Nous ne le ressentirons plus comme « notre pied » mais ne verrons que le mouvement, la dureté, etc. Avec l’attention, nous en venons à comprendre l’enseignement du Bouddha, les bases sensorielles, les éléments, etc. Les sensations, ce sont en fait les éléments.

Au début, c’est très dur et sans effort, nous n’y parvenons pas, mais une fois l’attention établie, on peut se relaxer. À ce moment, on voit l’intention à chaque pas alors qu’elle est très difficile à voir au début. On pourrait croire que l’exercice est trop facile si on note superficiellement, mais en réalité, la plupart du temps, l’esprit ne parvient pas à suivre.

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