La métaphore du chariot vers Nibbāna de l’acharā sutta

Les écritures relatent l’histoire de Samaṇadeva, jeune moine qui se consacrait sans relâche à vipassanā. Un jour, alors qu’il pratiquait la méditation en marche, il reprit naissance au plan céleste de Tāvatiṃsa où 1.000 devī vinrent l’accueillir joyeusement. Il réalisa que le temps de la pratique était rare et précieux et se rendit auprès du Buddha pour demander comment échapper à la situation stupide où il se trouvait au milieu des plaisirs sensuels du jardin Nandavana.

Aux personnes non engagées dans la pratique, le Buddha conseillait de purifier leur moralité, de développer attention et concentration et de rectifier leurs vues au sujet du kamma: sīlaṃ tāva sodhehi, samādhiṃ bhāvehi, kammassakatapaññaṃ ujuṃ karohī. C’est l’octuple sentier. Aux personnes engagées dans la pratique, il donnait seulement des instructions pour vipassanā. Samaṇadeva, avait maintenu intacte sa moralité et était déjà équipé du chemin préliminaire (parikkhasa (?) pubbabhāgamagga vipassanā), il lui restait à développer le noble chemin (ariya magga). Le premier vers indique que vipassanā est le véhicule qui permet, avec ses deux roues de l’effort physique (kāyikavīriya) et mental (cetasikavīriya) de maintenir les postures et de noter l’objet, d’échapper silencieusement au monde des devā et d’accéder au sanctuaire de Nibbanā (ujuko nāma so maggo, abhayā nāma sā disā ; ratho akūjano nāma, dhammacakkehi saṃyuto).

Le Mahāsatipaṭṭhāna indique : gacchanto vā gacchāmīti pajānāti, ṭhito vā ṭhitomhīti pajānāti, etc. De cette façon, la concentration se renforce, on en vient à distinguer la matérialité (rūpa), qui cause par exemple la raideur et le mouvement, du mental (nāma), qui en fait une note mentale. On comprend ensuite les causes et les effets : en raison de l’intention d’aller, je vais, parce que l’objet apparaît, je le connais. On perçoit la dissolution des objets. On conclut que ce qui apparaît temporairement et ensuite disparaît, incessamment, en vertu de règles propres est impermanent, effrayant, souffrance et dépourvu de soi (anattā). Passé ce stade, la prise de note attentive devrait se poursuivre.

Le second vers compare la honte morale (hiri), ou révulsion à l’idée de commettre le mal, et la peur morale des conséquences (ottappa) au siège du dossier (apālambo). L’attention protège des actions déméritoires comme le capitonnage (parivāraṇaṃ) amortit les chocs des pierres et bâtons sur la route. La vue juste est comparée au conducteur (sārathiṃ). Elle est de six types, mais ici, il s’agit de vipassanāsammādiṭṭhi, qui causera l’apparition de maggasammādiṭṭhi et phalasammādiṭṭhi, qui à leur tour amèneront automatiquement paccavekkhaṇāsammādiṭṭhi, la connaissance de la remémoration. Les deux autres sont kammassakatasammādiṭṭhi, établie avant d’entamer la pratique et jhānasammādiṭṭhi, la purification de l’esprit qui sert de base pour vipassanā. Quiconque, homme ou femme, possède réellement le véhicule de l’octuple sentier grâce à la contemplation de l’apparition et de la dissolution des phénomènes psycho-physiques, peut atteindre confortablement Nibbāna.

Après avoir prononcé les trois vers, le Buddha donna à Samaṇadeva un discours sur les quatre Nobles Vérités qui parvint à réaliser sotāpattimagga.

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