La méthode satipaṭṭhāna

Au début du Mahāsatipaṭṭhāna sutta, le Buddha énumère les bénéfices de la pratique : « ceci est le seul chemin pour la purification des êtres, la victoire sur le chagrin et les lamentations, la disparition de la douleur et du mécontentement, l’atteinte du noble chemin, la réalisation de nibbāna : les quatre satipaṭṭhāna : l’attention au corps (kāya), aux ressentis (vedanā), aux consciences (citta) et aux dhamma.

« Un bhikkhu demeure, contemplant le corps dans le corps, ardent, attentif, comprenant clairement, abandonnant la convoitise et le mécontentement dans le monde. » Avant d’atteindre l’omniscience, comme nous, le Buddha ne comprenait pas la nature impermanente, insatisfaisante et impersonnelle du corps et de l’esprit. Les nombreuses impuretés comme l’avidité, la colère et l’ignorance dans l’esprit de l’homme ordinaire (puthujjana) l’empêchent de voir leur nature réelle, d’être attentif sans interruption. Nous pratiquons pour réaliser clairement l’enseignement du Buddha. C’est difficile et cela demande un effort ardent, une détermination (ātāpa) et une forte attention (satima).

En méditation assise, nous maintenons le dos bien droit et essayons de noter le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen de façon détaillée sans interruption le plus longtemps possible, à l’aide d’un puissant effort. A la fin du soulèvement, le phénomène disparaît et fait place à l’abaissement, qui disparaît à son tour, etc. Si nous voyons clairement ce changement, nous verrons aussi l’insatisfaction (dukkha) et l’absence d’entité permanente (anatta). Nous cesserons d’être tellement attachés au corps. La théorie est très simple, mais la pratique est difficile. En théorie, nous devons noter les sons, images ou pensées qui apparaissent, mais souvent, nous sommes emportés sans même en avoir conscience.

Tant que nous n’aurons pas atteint l’illumination, il ne sera pas facile d’accepter l’impermanence, la souffrance et le non-soi enseignés par le Buddha. Nous continuons à croire que ce corps est beau, agréable et que nous le possédons. Autrefois, Vakkali était très attaché au corps du Buddha qu’il voulait contempler et ce dernier lui demanda pourquoi il admirait ce corps en décomposition au lieu de pratiquer.

Si nous développons les deux outils de l’effort ardent (ātāpa) et de l’attention (satima), le troisième outil de la claire compréhension (sampajañña) va apparaitre spontanément, une confiance vérifiée par l’expérience va se développer et nous croirons en le Buddha, le Dhamma et le Sangha. Les impuretés grossières comme l’avidité et la colère sont absentes au moment précis où nous notons, comme dans la phrase du sutta : « éliminant la convoitise et le mécontentement dans le monde ».

Nous devons observer très attentivement. La respiration ne doit être ni superficielle, ni trop profonde. Souvent nous respirons incomplètement et ressentons le mouvement dans la poitrine. Si nous respirons attentivement, l’air descendra jusqu’au nombril et nous pourrons ressentir clairement le mouvement.

Peut-être le puissant effort nous amènera découragement, fatigue et transpiration. Nous nous sentirons piégés. Mais sans lui nous ne pourrons rien voir. Dès que nous commencerons à ressentir le mouvement, nous commencerons à y croire et accepterons de fournir un effort. Nous serons heureux de notre pratique.

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