La noble vérité de la cessation

La deuxième noble vérité énonce donc que c’est le désir qui donne lieu à la renaissance. Il y a six types d’objets sensuels qui donnent chaque fois lieu à un désir spécifique : formes, sons, odeurs, saveurs, touchers et dhamma. Ceux-ci peuvent se manifester de trois façons : ① désir pour les objets des sens ② ce même désir mais accompagné de la vue éternaliste, c’est-à-dire l’idée d’une entité permanente que nous pourrons emporter avec nous éternellement ③ ce même désir accompagné de la vue nihiliste, c’est-à-dire que l’objet du désir sera annihilé par la suite. Tous les désirs amènent la renaissance selon le Buddha. À notre niveau, nous devons accepter cette assertion sur base de la foi, car nous ne pouvons la vérifier sur base de l’expérience, mais nous pouvons accepter sur base de l’expérience que la souffrance découle de l’attachement.

La troisième noble vérité est la cessation de la souffrance. Le Buddha nous dit qu’il y a une maladie et une cause de la maladie, mais aussi une cure. C’est la cessation complète, sans résidu du désir, le renoncement à celui-ci (virāga), qui amène la cessation de la souffrance. La cessation de la cause amène celle de l’effet. Elle se produit subitement, instantanément, au moment de l’illumination, surtout au quatrième stade de l’arhat, où toutes les impuretés mentales sont éradiquées, comme effacées par un éclair. Il ne s’agit pas d’une destruction, mais d’une extinction sans possibilité de se manifester à nouveau, comme si les fils qui alimentent l’interrupteur avaient été coupés, sans possibilité pour celui-ci de produire à nouveau la lumière.

Cette cessation peut aussi être temporaire pendant la pratique de vipassanā. Au moment précis où nous observons les cinq agrégats d’attachement apparaitre et disparaître, que nous voyons qu’ils sont impermanents, insatisfaisants et insubstantiels, les impuretés mentales sont détruites. L’ignorance et le désir n’ont à ce moment aucune chance de se manifester et nous expérimentons la troisième noble vérité dans une certaine mesure. Les douze autres maillons de la chaîne des origines interdépendantes cessent à leur tour : formations mentales, consciences résultantes, etc. Nous avons la possibilité de couper cette chaîne au niveau du lien entre ressentis et désir. Les ressentis agréables, désagréables et neutres sont toujours présents en nous. En pratiquant bien, nous pouvons prévenir l’émergence du désir.

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