La noble vérité du chemin et les stades de progression

Presque identique à l’enseignement précédent (La noble vérité du chemin) jusque 12’55, sauf dernier §.

Connaître les stades de connaissance vipassanā permet d’évaluer soi-même ses progrès:

❶ Lorsque l’esprit est capable de se maintenir sur l’objet, d’observer énergiquement les douleurs, de voir quand l’esprit s’apprête à penser, le yogi ne voit que l’objet et l’esprit qui en prend conscience (nāmarūpaparicchedañāṇa) Il ne voit pas d’être ou de personne. Il est très satisfait de sa pratique. Il voit les éléments physiques (rigidité, douceur, chaleur, etc.) et mentaux (bonheur, tristesse, ennui, etc.) car il est constamment attentif. Ce n’est pas intellectuel.

❷ S’il maintient la continuité de l’attention, il distingue les causes et effets (paccayapariggahañāṇa), il perçoit les intentions. Il comprend c’est la présence de la rétine, de la forme visible et de l’attention qui permet la vision se produit, de l’attention sage (yoniso manasikāra) qui empêche son esprit de vagabonder à son insu, d’objets à noter qui conditionne l’attention, car parfois les mouvements deviennent imperceptibles. Il comprend finalement que toutes les formations présentes ont été conditionnées par le kamma passé (kankhāvitaraṇavisuddhi). Il ne croit plus en une cause externe ou fortuite des phénomènes.

❸ Au stade de la compréhension (sammasanañāṇa), le yogi devient capable de voir le moment où l’objet apparaît, et de le suivre jusqu’à sa disparition. Il prend conscience de façon répétée du caractère impermanent, insatisfaisant et impersonnel des phénomènes (anicca-, dukkha- et anattavipassanāñāṇa). Il comprend la nature oppressante et incontrôlable des phénomènes et l’impossibilité de trouver refuge ou bonheur en eux.

❹ L’attention devient très fine et aiguisée. Le yogi ne doit plus fournir d’effort particulier pour voir les apparitions et disparitions (udayabbayañāṇa), sans interruption. Il a l’impression de flotter et ressent des frissons dans tout le corps. Mais ces expériences agréables vont constituer un frein (upakilesa) dans la mesure où il s’y attachera. Il doit continuer à noter sous peine de stagner.

❺ Les sensations agréables disparaissent alors. Le yogi ne voit plus que la dissolution (bhaṅgañāṇa), la forme du corps n’apparaît plus. Les objets disparaissent à l’endroit même où ils sont apparus, ainsi que la conscience qui les note, par paires bien distinctes. Le yogi n’éprouve plus de plaisir à expérimenter ces objets.

❻ Le caractère effrayant (bhayañāṇa), ❼ défaillant (ādīnavañāṇa) et ❽ dégoûtant (nibbidāñāṇa) de ces dissolutions lui apparaissent. Il devient malade de l’existence. Il pense que sa pratique s’est détériorée. Il n’y a rien d’un « je », d’un « tu », d’un « fils », etc. ❾ il désire la libération (muñcitukamyatāñāṇa). ❿ Il reprend l’effort d’observation (paṭisaṅkañāṇa) et ⓫ devient équanime par rapport aux formations (saṅkhārupekkhāñāṇa). Il peut observer plusieurs heures d’affilées. Les rares pensées déprimantes ou joyeuses ne le perturbent pas. Sa paix mentale est comparable à celle de l’arhat. Il réalise finalement magga. Il y a quatre stades d’illumination qui éliminent chaque fois irréversiblement des pollutions mentales. Il est possible d’atteindre le premier stade (sotāpanna) dans cette vie même. Mais l’entièreté du chemin peut prendre plusieurs vies.

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