La place d’anatta dans l’enseignement du Buddha

La doctrine d’anatta est essentielle pour comprendre l’enseignement du Buddha. Les autres doctrines maintiennent l’existence d’une âme. Le Buddha avait déjà élaboré cette doctrine dans son premier sermon : le dhammacakkappavattanasutta. On la retrouve aussi dans le Hemavata sutta où anatta est expliqué du point de vue des six bases sensorielles sur la base desquelles l’être et le monde apparaissent. Afin de pouvoir répondre aux questions telles que « qui suis-je ? », etc., il nous faut noter chaque fois « entendre », « goûter », « savoir », etc.

Au premier concile, Mahākassapa demande à Ānanda où il a entendu tel ou tel sermon. L’anattalakkhaṇa sutta a été prononcé en l’an 103 de l’ère du Buddha un soir de pleine lune de juillet. Le vénérable Kondañña qui l’écoutait, en pénétrant tous les aspects de l’enseignement, atteignit le premier stade de l’éveil et en retira une foi inébranlable, convaincu désormais que sīla, samādhi et paññā constituent la pratique véritable. Vappa Bhaddiya Mahānama et Assaji par contre pratiquèrent dans l’enceinte du monastère à la demande du Buddha, sans sortir, n’étant pas assez accomplis pour atteindre l’éveil sur simple écoute. Nous ne devons donc pas nous laisser distraire par les mauvais enseignements qui préconisent une pratique relaxe. Il faut fournir des efforts pour atteindre magga et phala. Selon le commentaire, l’anattalakkhaṇa sutta n’a été prononcé qu’après que les 5 ascètes avaient revêtu la robe.

« Rūpaṃ, bhikkhave, anattā », a dit le Buddha, pourtant, la plupart des gens ont une vue erronée au sujet du soi (attadiṭṭhi), de l’existence d’une âme (atta) ou de la possession de la vie (jīva). Même les pratiquant pensent encore parfois : « c’est moi qui ressens, qui pense, etc. » Avec une attention et une concentration renforcée, on réalise qu’il n’y a que des phénomènes physiques et mentaux, mais les vues fausses reviennent une fois que l’on arrête la pratique.

Si l’on observe attentivement, on verra que l’apparition de la conscience visuelle est basée sur la sensibilité matérielle de l’œil, comme les autres consciences sont basées sur les qualités matérielles de leur organe respectif. L’idée d’un soi apparaît en même temps. De la même façon, la pensée apparaît sur la base matérielle du cœur (hadaya vatthu), base de la conscience et aussi du principe vital (jīvita). Jīvita rūpa est le principe vital matériel qui vivifie tous les corps matériels et les empêche de se désintégrer. Celui-ci aussi est perçu erronément comme constituant une âme.

Les yogis observent rūpa dans rūpa, kāya dans kāya, conformément aux instructions du mahāsatipaṭṭhāna sutta afin de connaître leur véritable nature impermanente, insatisfaisante, impersonnelle et déplaisante. Pourquoi le corps est-il impersonnel ? Si le corps était le soi, il ne mènerait pas à l’affliction et on pourrait dire « que mon corps soit le meilleur possible, qu’il n’ait pas la pire forme imaginable ». En observant le corps de façon rapprochée et méticuleuse : le soulèvement, l’abaissement, l’extension du bras, etc., les yogis obtiendront la réponse sur la nature du corps.

Page précédente