La progression de la méditation

  • Dans l’analogie de l’impotent et de l’aveugle, l’aveugle (l’esprit) monte sur les épaules de l’impotent (le corps). L’un ne peut fonctionner sans l’autre. Au début de la pratique, l’esprit reste avec l’objet, même s’il ne sait encore rien, il n’y a pas d’avidité ou de haine pendant ce court instant. S’il parvient à développer la continuité, l’énergie devient forte, la capacité à viser l’objet apparaît (vitakka), c’est la concentration momentanée. Puis apparaît l’application soutenue (vicāra), comme si l’esprit frottait l’objet. Cela amène la connaissance. Il n’y a plus que l’objet et l’esprit qui le connaît (nāma-rūpa).
  • Lorsque la vision se produit, cinq choses sont présentes : la base sensorielle de l’œil, l’objet visible, la lumière, la conscience visuelle (le fait de savoir), le contact visuel. Sur cette base, la sensation se produit, bonne, mauvaise ou neutre. Nous plaçons notre attention sur l’œil et observons l’ensemble. Il en va de même pour les autres organes sensoriels. En ce qui concerne la pensée, l’objet est un objet mental du passé.
  • Peu à peu, nous commençons à voir les liens de cause à effet : a) l’esprit cause la matière (par exemple lorsque l’on passe de la posture assise à la posture debout), b) la matière cause l’esprit (par exemple lorsque l’objet visuel rencontre l’œil, la conscience visuelle se produit ou lorsque l’abdomen se soulève et que l’esprit note « soulèvement »), c) la matière cause la matière (par exemple lorsqu’il fait froid et que le corps refroidit), d) l’esprit cause l’esprit (lorsque l’esprit vagabonde et que l’esprit le note). Cette réalisation arrive naturellement, graduellement, on ne peut sauter les étapes. On commence par réaliser qu’il n’y a que le corps et l’esprit, rien d’autre, ensuite, on comprend les causes et les effets, on ne croit plus que les choses se produisent sans cause et on n’attribue plus de cause fantaisiste. On perçoit ensuite les caractéristiques communes des phénomènes lorsque l’on voit ceux-ci apparaître et disparaître. On comprend qu’ils sont insatisfaisants et incontrôlables. C’est le début de la connaissance vipassanā.
  • Histoire inspirante de l’héritière qui s’enfuit un jour avec un serviteur. Lorsqu’elle revint chez ses parents avec le mari et deux fils, ceux-ci acceptèrent les enfants mais pas la mère. Le premier fils, Mahāpanthaka, devînt moine et puis arhat. Le second, Cūḷapanthaka, devînt aussi moine mais était très stupide. Se sentant rejeté, il voulut abandonner la vie de moine mais le Bouddha le rattrapa et lui donna une instruction très simple : laver un linge en le frottant en répétant « rajoharaṇaṃ » (ça devient sale). Il devînt ainsi conscient du toucher et de la conscience du toucher et atteint la libération.

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