La purification du chemin et du non-chemin

Les stades de diṭṭhivisuddhi et kaṅkhāvitaraṇavisuddhi sont un peu comme l’école primaire du yogi. Avant de compléter ces stades, le yogi croit qu’il sera toujours en vie, qu’il a été créé par Brahma, le grand ego qui créée des millions de petits egos, tous les êtres jusqu’aux plus petites bactéries. En méditant, nous voyons qu’il n’y a en nous que des phénomènes physiques (les quatre grands éléments) et mentaux. Nous sommes créés par le kamma, l’ignorance et la nourriture.

C’est au stade de samassanañāṇa, la connaissance de la compréhension, que l’on comprend cela graduellement. Le yogi discerne ces phénomènes et les voit comme impermanents, impersonnels et insatisfaisants. Ils changent constamment (anicca), il n’y a pas d’entité permanente qui les habite (anatta) et nous rencontrons des problèmes dans la mesure où nous le croyons (dukkha).

On commence par investiguer les phénomènes physiques, qui sont très évidents. On distingue phénomènes internes (6 bases sensorielles) et externes (6 objets des sens, images, sons, etc.), grossiers et subtils, inférieurs (négatifs) et supérieurs (positifs), lointains (comme des personnes éloignées) et proches. On réalise que la matérialité possède toujours ces caractéristiques, qu’elle soit présente, passée ou future, intérieure ou extérieure, etc.

Après l’agrégat de la matière (rūpa), on investigue les quatre autres agrégats, qui relèvent du mental (nāma) : les ressentis (vedanā), agréables, désagréables ou neutres ; les perceptions (saññā), la reconnaissance ou l’enregistrement ; les formations mentales (saṅkhāra) ; les consciences (viññāṇa). Conventionnellement, on appelle « être » ces cinq agrégats, mais le yogi comprend qu’il n’y a rien hormis ces cinq agrégats (khandha) qui sont impermanents, insatisfaisants et impersonnels.

Il y a deux conditions pour voir cela complètement : ❶ une forte concentration (autrefois les méditants pratiquaient d’abord samatha jusqu’à l’atteinte des jhānas et, quand ils passaient à vipassanā, leur expérience était très claire et rapide ❷ une connaissance de l’Abhidhamma.

À présent, les yogis développent les cinq pouvoirs (bala), mais cela prend du temps. Pour parvenir à une vision claire, il faudra trois semaines ou un mois, voire plus. Chaque yogi est différent, certains font des expériences claires, d’autres font des expériences incomplètes. Mais ce qui compte c’est la destination. Les yogis ne devraient pas se décourager. Au plus on attend des expériences, au moins elles sont susceptibles de se manifester. Ceux qui prennent le Thalys pour aller à Paris arrivent très vite à destination, même s’ils n’ont rien vu du voyage. Ceux qui s’y rendent en voiture peuvent aller à leur rythme, s’arrêter en chemin pour regarder, comme ceux qui pratiquent les jhāna ou qui ont beaucoup de connaissances de l’Abhidhamma. C’est pourquoi, avoir des connaissances tout à fait complètes n’est pas important.

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